« Ce qu’il faut éviter : la «soudanisation» du Mali » (Par Ibrahima MBODJ)

En mai et juin 2015 furent signés les accords de paix d’Alger pour sceller la réconciliation au Mali et rétablir la souveraineté complète de Bamako sur la région nord de l’Azawad en proie à la rébellion touarègue. Plus de quatre ans après, force est de constater qu’aucun pas significatif n’a été accompli dans ce sens.

Bien au contraire, depuis les limitations d’accès à Kidal que les soldats français de l’opération Serval (en janvier 2013) avaient imposées à l’armée malienne et l’intensification des attaques terroristes, la partie septentrionale du Mali échappe de plus en plus à l’autorité du pouvoir central, malgré la visite que le Premier ministre malien y a effectué en mars 2018. La capitale du Nord est devenue, aujourd’hui, la plaque tournante d’opérations terroristes visant les pays du Sahel.

C’est la raison du coup de colère du président nigérien Mahamadou Issoufou qui a déclaré en septembre au cours d’une visite à Bamako que «le statut de Kidal est une menace pour la sécurité intérieure du Niger. Et en plus, nous constatons, avec beaucoup de regrets, qu’il y a des mouvements signataires des accords de paix d’Alger qui ont une position ambigüe et qu’il y a des mouvements signataires des accords de paix d’Alger qui sont de connivence avec les terroristes.

Nous ne pouvons plus l’admettre». Même si cette déclaration de M. Issoufou a soulevé une certaine indignation à Kidal, elle traduit une certaine réalité sur le terrain. Le contrôle de la région Nord par le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) en violation desdits accords est indiscutable et préfigure si l’on n’y prend garde la partition du Mali. Une occurrence qui doit être combattue sans concession par la Cedeao et l’Ua. A bien des égards, la situation au Mali fait un peu penser à celle du Soudan, pendant l’époque où il faisait face à la rébellion qui conduira, en 2011, à l’indépendance du Sud Soudan. Pour faire simple, dans tous les deux cas, il y a, d’un côté, une majorité (arabe ou noire) et, de l’autre, une minorité (noire ou touarègue) qui ont du mal à cohabiter.

UNE FORTE ODEUR DE PÉTROLE

La géopolitique des matières premières est venue ensuite tout compliquer. Dans le cas du Sud Soudan, à cause du pétrole dont il regorge, il a pu bénéficier de soutiens extérieurs occultes qui alimenteront la rébellion. En même temps, Khartoum, accusé de soutenir le terrorisme, était «puni» en le privant des ressources pétrolières du Sud. On trouve également au Mali les mêmes ingrédients qu’au Soudan. En effet, il est de notoriété publique que le bassin de Taoudéni qui couvre tout le Nord Mali (Azawad), une partie de la Mauritanie et un peu l’ouest algérien, recèlerait d’importants gisements de pétrole qui suscitent la convoitise des grandes compagnies pétrolières.

Les rebelles touaregs de l’Azawad semblent eux aussi soutenus de manière plus ou moins discrète par des «partenaires» qui trouvent leur intérêt dans l’indépendance de la région du Nord Mali. Les manifestations organisées souvent par les Maliens pour demander le départ des troupes étrangères de leur pays ou l’intervention d’une puissance comme la Russie prouvent qu’ils sont conscients du danger. En fait, tout le malheur que traverse en ce moment le Nord Mali et, par ricochet, l’ensemble du pays, lui vient de ses richesses en hydrocarbures et autres.

Beaucoup de puissances sous le couvert de la lutte contre le terrorisme, présentes au Mali (parfois avec des contingents symboliques) sont surtout intéressées par ces fabuleuses richesses et tiennent à avoir une part du gâteau au moment du partage. C’est pourquoi, malgré tout le déploiement de forces sur le terrain, le chaos continue de régner dans le Sahel et les terroristes semblent se jouer de leur présence.

L’armée malienne, en dépit de son élan patriotique, est dépassée par la mobilité des groupes terroristes et l’immensité du territoire à protéger. Il faut donc saluer l’implication de la Cedeao qui a décidé de mobiliser, sur fonds propres, un milliard de dollars (500 milliards de FCfa) pour lutter contre le terrorisme. Tous les Etats de la sous-région doivent se mobiliser car sans cela, ils pourraient être mis un jour devant le fait accompli en assistant à la naissance d’un nouvel Etat fantoche dans le Sahel : l’Azawad.

 Par Ibrahima MBODJ

1 COMMENTAIRE
  • Malick Diallo

    Voila lafrique qui male partie ce sale continant

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