Dans une interview accordée par Yoro Dia, journaliste ancien ministre conseiller sous le régime de Macky Sall au site L’Aurore (site d’actualité français), plusieurs critiques ont été émises envers Ousmane Sonko et le gouvernement actuel du Sénégal. L’ancien ministre n’a pas mâché ses mots, notamment en réponse aux déclarations de Jean-Luc Mélenchon, venu soutenir Sonko.
Contrairement à Mélenchon qui voit l’élection présidentielle sénégalaise de mars 2024 comme un modèle d’« insurrection populaire », Yoro Dia souligne que cette insurrection a été maîtrisée grâce au professionnalisme des forces de défense et de sécurité sénégalaises. « L’amnistie qui a permis à Sonko de sortir de prison résulte de la magnanimité du Président Sall », a-t-il déclaré, précisant que cette décision visait à réconcilier le pays. Selon Yoro Dia, PASTEF, le parti de Sonko, a renoncé à la violence après cette amnistie, revenant à un comportement d’opposition légale.
Yoro Dia a également critiqué Mélenchon pour son soutien à Sonko, arguant que ce dernier ne représente pas un modèle pour la jeunesse sénégalaise. Il a rappelé que l’Université Cheikh Anta Diop, où Sonko a accueilli Mélenchon, a été incendiée par des partisans de Sonko, un acte que PASTEF n’a toujours pas condamné. « PASTEF brûlait des femmes quand ses militants jetaient des cocktails Molotov dans un bus », a rappelé Yoro Dia, dénonçant l’absence de condamnation de ces actes par le parti.
Concernant l’appui politique de Mélenchon dans l’ascension de Sonko, Yoro Dia estime qu’il a été quasi nul. Selon lui, l’opinion de Sandaga, un grand marché de Dakar, est bien plus influente que celle de Saint-Germain-des-Prés. Il a critiqué l’importance accordée par certaines élites sénégalaises à la France, qualifiant la visite de Mélenchon de geste symbolique dénué de véritable impact sur l’opinion publique sénégalaise.
Yoro Dia s’est également attaqué à l’idéologie tiers-mondiste prônée par Sonko et Mélenchon, la qualifiant de dépassée et inefficace. « Jean-Luc Mélenchon et Ousmane Sonko sont tous deux porteurs d’un discours qui attribue aux pays développés l’essentiel des causes des malheurs des pays sous-développés ou en voie de développement. L’idéologie tiers-mondiste est-elle une bonne feuille de route pour la jeunesse sénégalaise ? Pour l’avenir des relations Afrique-Europe ?«
« Le Tiers monde est devenu un village africain. Dans les années 50 et 60, nous étions dans le Tiers monde avec des pays asiatiques et latino-américains. La plupart de ces pays comme l’Inde et la Chine ont rejoint le Premier monde pour parler comme Lee Kwan Yu de Singapour. Les Africains sont demeurés dans le Tiers monde parce qu’ils se sont contentés de rester figés devant le mur des lamentations alors que la Chine ou l’Inde, tout en continuant à dénoncer l’iniquité du système mondial, ont cherché une meilleure place. C’est pourquoi nous ne voulons pas de l’idéologie tiers-mondiste, et encore moins de cette arme de distraction massive qu’est devenu le souverainisme. La vraie souveraineté, c’est la force de l’économie, comme le montrent les exemples de la Chine et de l’Inde. » Dit Yoro Dia, qui rappelle les véritables modèles de développement sont des pays comme la Chine et l’Inde, qui ont réussi à s’élever en se concentrant sur le renforcement de leur économie plutôt que sur des plaintes contre l’injustice du système mondial. Il a affirmé que le Sénégal doit viser à devenir un nouveau Dubaï plutôt qu’un Venezuela.
En ce qui concerne les promesses de campagne du PASTEF, Yoro Yoro Dia a déclaré qu’elles n’étaient que des trompe-l’œil démagogiques destinées à assurer leur victoire. Il a critiqué la lenteur de PASTEF à présenter un programme de gouvernement clair et la continuité avec le Plan Sénégal Emergent (PSE) initié sous Macky Sall.
Enfin, Yoro Dia a évoqué l’ingérence de l’avocat franco-espagnol Juan Branco dans la politique sénégalaise, minimisant son impact réel et qualifiant ses actions de fanfaronnades. Il a critiqué la dépendance de PASTEF vis-à-vis de Branco et de Mélenchon, soulignant que l’avenir du Sénégal repose sur ses propres forces et non sur des influences extérieures.