Le journaliste-politologue, Yoro Dia a donné son opinion sur la question de la double nationalité, voici l’intégralité de sa réflexion que nos confrères de Dakar Actu ont publié.
Les grandes nations sont les nations ouvertes et généreuses. Les Etats Unis ont élu un Président né à la périphérie des Etats Unis et dont le père n’est pas américain. La France a été une grande nation quand Napoléon décréta que « tous les hommes de talents quelle que soit leur origine sont français ». Mais c’était la Grande France, celle qui avait une vocation universaliste qui fera dire à Ben Franklin que chaque homme a deux patries : son propre pays et la France pour les valeurs de 1789. Aujourd’hui nous sommes loin de cette France. Nous sommes à l’ère de la France qui s’époumone sur le débat sur la déchéance de nationalité et qui s’enferme de jour en jour dans un certain provincialisme qui finira par mettre la culture et la nation française sous verre et la figer complètement en voulant la protéger contre une imaginaire invasion anglo-saxonne américaine, européenne ou musulmane. Les Etats Unis sont la plus grande nation au monde parce que c’est la nation la plus ouverte et la plus généreuse.
Etudiant en France, je partais souvent aux Etats Unis. Quand autour de la table les américains découvrent que tu n’es pas américain, ils te posent la question de savoir quand est-ce que tu prends le passeport américain alors qu’en France on te demande est ce que tu rentres à la fin de tes études. Ellie Weisel, prix Nobel de paix a pris son passeport comme ça de même que l’astrophysicien malien Modibo Diarra. La plupart des nobels américains sont d’origine étrangère. Que serait l’Amérique sans Google dont le co-fondateur est russe. Que serait l’Amérique sans ses « allemands » Einstein et Kissinger avec son anglais avec ce fort accent allemand, sans son « polonais » Zbigniew Brezinski » né en Pologne, devenu conseiller à la Sécurité nationale et qui s’est vanté dans les années 70 d’être le seul polonais à pouvoir tenir tête aux russes depuis trois siècles. Que serait l’Amérique sans le « syrien » Steve Jobs ou le « kenyan » Obama.
Le Sénégal a toujours été une grande nation ouverte et généreuse et battons-nous pour qu’il le reste. « Il ne faut pas laisser les intellectuels jouer avec des allumettes » disait Jacques Prevert. Refusons que nos politiciens jouent avec des allumettes en nous enfermant dans les apories de la question identitaire. C’est encore une arme de distraction massive comme savent en inventer nos hommes politiques pour ne pas aborder les vraies questions. Suivons la logique de Benoit Sambou et mettons dans le code que pour être éligible en 2019, il faut être né en 1961 et à Fatick. C’est indigne de notre démocratie de se rabaisser à ce point pour proposer une loi particulière pour éliminer des adversaires. Senghor, Diouf et Wade n’ont jamais franchi cette ligne rouge. Ce genre de pratique a plongé la Cote d’ivoire dans les abimes. Le Sénégal est une chance et un exemple pour le monde. Nous sommes le seul pays musulman à avoir eu un Président catholique pendant 20 ans, en plus d’être l’une des rares sociétés africaines à être complétement « détribalisé » et à être « desethniciser ».
C’est ce contrat social sénégalais qui nous a permis de faire face à plus de 30 ans de conflit en Casamance sans pour autant stigmatiser aucune ethnie ni aucune religion même si la rébellion a été dirigé par un prêtre catholique. Nous avons tiré les leçons de ce conflit en passant du modèle de nation une et indivisible à celui de nation plurielle mais indivisible. Je suis très fier d’appartenir à un pays où dans la classe politique il y a des Dias, des Abourisk, des D’Erneville à côtés des Sall, des Ndiaye des Diop et des Seck. Que serait l’Etat du Sénégal sans Jean Collin. Qui est plus patriote que Jean Collin ? ce grand homme d’Etat mort à Bayeux en France et qui a demandé à être inhumé dans le Saloum profond alors la plupart de nos hommes politiques amènent leurs femmes accoucher en France ou aux Etats Unis comme si c’était une ignominie ou un péché originel de venir au monde au Sénégal. Qui est plus Sénégalais que nos Valentins, nos Lamotte, nos Turpins, nos Guillaberts et autres Agbotons…..L’ouverture est la plus grande richesse pour notre pays prédestiné par la géographie et l’histoire à être un carrefour, un lieu de rencontre et de métissage. Sur le plan géographique le Sénégal constitue le pont entre le Maghreb et l’Afrique noire. Un pont entre deux mondes .Nous avons cette vocation naturelle de ponts entre les cultures. Un pont culturel entre l’Orient auquel nous lie l’Islam et l’Occident auquel nous lie les valeurs de la République et de la Démocratie. Notre modèle national doit recouper les notions senghoriennes d’enracinement et d’ouverture. « La nation est la possession en commun d’un antique cimetière » dit Barres.
Donc est sénégalais ceux qui partagent avec nous un antique cimetière donc aussi les « libanos syriens » qui n’envoient plus leurs morts au Liban depuis des siècles. Ils sont devenus des sénégalais à part entière et c’est fort dommage qu’ils se considèrent encore entièrement à part en se limitant à l’économie. En ce qui concerne l’ouverture, on doit permettre de devenir sénégalais les hôtes étrangers qui vivent parmi nous et partagent nos valeurs au point de vouloir devenir Sénégalais. Quand on est le seul pays au monde où le Président de la république en s’adressant à la Nation ajoute « hôtes étrangers qui vivaient parmi nous », on n’a pas le droit de se rabaisser au point de nous créer de faux débats sur la nationalité. Refusons que les politiciens dilapident ce que nous avons de plus précieux : cet esprit qui fonde la grandeur de notre nation. C’est cet esprit qui a fait du Sénégal une terre d’asile intellectuel et démocratique pour tout le continent. Notre vocation naturelle est d’être le porte flambeau du continent pour la liberté, de la démocratie et l’ouverture. Je m’honore de vivre dans un pays où un tel débat a soulevé un tel lever de boucliers. Le Sénégal tient son rang en refusant de laisser des politiciens jouer avec des allumettes.
Les citoyens des nations dites grandes et réputées ouvertes et généreuses ne permettent nullement que leurs compatriotes, nés sur une terre étrangère, deviennent présidentiables à plus forte raison tolérer un président détenteur d’une double nationalité. Le peuple américain, distingué pour sa propension à défendre le puritanisme, à s’ériger contre l’autoritarisme outre-Atlantique et à faire la police dans le monde libre, a bien élu un président africain-américain, né sur le sol américain, à Hawaï, 50ème État depuis 1959.
La République française, réputée pour ses valeurs républicaines et laïques, est riche de sa tradition politique de consolidation des libertés fondamentales mais ce n’est pas pour autant que son peuple accepte – pour l’instant – d’aérer sa classe politique pour accommoder un discours étranger à sa tradition judéo-chrétienne. La France demeure une grande nation politique, qui continue concomitamment d’inspirer le monde libre et d’envisager catégoriquement de déchoir de sa nationalité tous les hôtes ou descendants d’hôtes étrangers qui manifestent des velléités de résistance à son sens commun. Nous espérerons toujours que la vieille France des idées et des lumières continuera d’irradier sur la nouvelle France à la tendance au rejet.
Enfin, ce n’est pas parce que l’on parle d’acquérir la nationalité américaine que vous aurez, une fois actée, systématiquement le droit de vous prononcer sur sa vie politique au même titre qu’un éleveur de Texas Longhorn. Tous les pays organisent et supportent, à des degrés différents, le cadre de la recherche et du développement.
Les chercheurs naturalisés ont tous des agendas qui les tiennent habituellement à mille lieues de la compétition politique. Ils sont toujours rémunérés pour discuter du conditionnement psychologique des masses et vous indiquer, à la carte, les comportements électoraux suivant les contextes.
Le Sénégal demeure une nation ouverte et extrêmement généreuse. Parler de se battre pour qu’il le reste, c’est défoncer une porte ouverte. La majorité présidentielle a soulevé, à dessein, le débat sur l’application de l’article 18 du code de la nationalité sénégalaise : « La nationalité sénégalaise est exclusive de toute autre nationalité ». Si vous nous parlez de fouler au pied les dispositions de la loi qui encadre le cadre légal de notre citoyenneté, il est possible de s’interroger sur la qualité de votre cycle international perfectionnement.
Vous pouvez aujourd’hui parler de jeu politicien après la fin de votre collaboration avec le régime libéral mais de grâce, ayez l’amabilité de nous épargner vos inepties régulières sur la vie politique sénégalaise. La mouvance présidentielle, pour ce qui concerne ses représentants, ne bâcle jamais le traitement des questions de développement économique, social et culturel. C’est bien indiqué dans la nouvelle constitution qui rend le Gouvernement concomitamment responsable devant le Président de la République, et devant l’Assemblée Nationale (Article 85 et suivant).
Vous êtes, non seulement un mercenaire politique, mais aussi un bon successeur du bouffon de Gonella, qui se serait aisément distingué major à l’école des fous. Tenter une bifurcation vers les débats très agités sur les perspectives de la cohabitation entre les sociétés islamo-arabes et judéo-chrétiennes, c’est manifester une grande malhonnêteté intellectuelle ou chercher des arguments pour interroger l’atavisme et la mutualité de notre tolérance institutionnelle, religieuse et sociale.
Son Excellence Monsieur le Président Abdou DIOUF n’a subitement pas adressé une copie de sa carte de séjour en France à Son Excellence Monsieur Macky SALL, son seul successeur qui lui inspire confiance, sans chercher à donner son point de vue sur la question.
Révisez l’histoire des migrations internationales pour vous épargner toute cette excitation et atténuer votre propension à soulever des questions qui vous distinguent parmi les petits mercenaires aux agendas subversifs mais bien identifiés et maîtrisés, qui squattaient la Présidence et certains ministères négociant des contrats aux fins d’entretenir le bruit sur la candidature du Président Abdoulaye Wade à un 3ème mandat. Nous parlons aujourd’hui de poursuivre la construction nationale à travers un processus cognitif et vous cherchez à nous indiquer le centre de gravité d’une action guerrière tel un disciple de Clausewitz. En retour, nous demeurons dans la riposte graduée du Professeur Kissinger, esprit éclairé.
L’ouverture aux hôtes étrangers, c’est l’engagement électoral de SEM le Président Macky SALL, tenu le 28 juin 2013 par un vote sans débat à l’Assemblée Nationale du Sénégal, de modifier toutes les lois discriminatoires à l’égard des femmes sénégalaises, mariées à des étrangers, pour leur permettre d’octroyer la nationalité sénégalaise à leurs conjoints et à leurs enfants de nationalité étrangère, dans les mêmes conditions que leurs frères sénégalais.
Acteurs politiques totalement décomplexés, qui assument un véritable engagement républicain au sein de la coalition, la plus représentative, la plus longue, la plus démocratique dans l’histoire de notre société politique, il ne sera plus question de discuter de l’effectivité des lois électorales au Sénégal.
Thank you so much Mr. DIA I’m really proud of you, I was very scared about this debate, but now as I see your article, I’m relax, and I know now the senegalaise people never let a small group of people lead our country in a bad way, Thank you again Mr. DIA.
Il y a certes,des intellectuels dans mon pays mais rare de trouver un qui a ta qualité et qui ose dire la vérité sans ambages.
Merci pour ton alerte!!!
Fier et en meme temps soulage car j’avais eu cette peure bleue pour notre pays.Soulage de voir que Mr dia et des gens comme lui sont en train de mesurer la gravite de ce jeu de la senegalite.Ne nous arretons pas a ne faire que balancer des articles ca et la,nous nous devons de sensibiliser la population de la gravite de la situation .Ainsi cela devrait aboutir a des manifestations a travers le pays et a l’etranger pour alerter l’opinion national et international du danger que pourait poser ce debat sur la nationalite.BOU NGOU KHAR BA REWMI DI TACK GNOU DORA DIOCK DI FEKHE FAYE SAWARAWI.
Tres belle contribution malhreusement Mrs LO MBOW SAMBOU ne peuvent pas comprendre cela car très limites. ..mais je suis sur K le Senegal restera une nation ouverte au monde!
Heureusement qu’il y a des millions de Yoro Dia au sngal qui ne pensent pas comme ces arrivistes de l’Apr.
Bravo
merci Mr au moins vous vous pensez et vous avez compris ce qui défaut à bcp