Madame la Présidente,
Lors de l’ouverture de la première session ordinaire 2015 du Conseil économique, social et environnemental (CESE) que vous dirigez, vous avez soutenu que « tous les résultats escomptés n’ont pas été atteints car les moyens faisaient défaut ». Ainsi, vous reconnaissez l’inefficacité de votre institution car la mesure de l’efficacité est l’atteinte des résultats escomptés. Pourtant, vous aviez un budget de 4 milliards 800 millions en 2014 pour une institution simplement consultative de 80 conseillers et 40 associés. Combien vous faut-il pour atteindre vos résultats ? L’augmentation de 100% qui a fait passer votre budget à 9 milliards 353 millions pour 2015 vous suffira-t-elle ? Un budget doit être incitatif et permettre de capter d’autres ressources.
Le président de la République a dit qu’il voulait une gouvernance axée sur les résultats car persuadé que seuls les résultats sont gages de performances et donc d’émergence. Dans cet ordre d’idées, quand on n’atteint pas ses résultats, on doit tout simplement démissionner pour « insuffisance de résultats » justement. Vous ne démissionnez pas et vous exigez encore plus d’argent.
Permettez-nous de douter de la démarche. Toujours plus d’argent pour une institution publique inefficace la rend juste insatiablement budgétivore. Par ailleurs, on ne vous connaît aucun résultat tangible dans ce pays. Du premier ministère que vous avez dirigé en 1991, en passant par tous les autres postes gouvernementaux jusqu’à la collectivité locale de Diourbel dont vous étiez maire qui occupe la place peu envieuse de région la plus pauvre du Sénégal, aucune réalisation n’est à votre actif.
A l’évidence, vous êtes beaucoup plus efficace dans la politique politicienne qui vous assure des postes publics et règle vos problèmes personnels. Aucun résultat sérieux n’est possible dans cette optique. Les résultats s’obtiennent à travers une bonne méthodologie de conception, mise en œuvre et suivi-évaluation ; la politique politicienne en est diamétralement opposée puisque les invectives, le clientélisme, le copinage et le népotisme en sont des corollaires nécessaires.
Si les plus hautes autorités n’atteignent pas les résultats escomptés et s’empêtrent dans des enfantillages politiciens, adieu l’émergence ! A moins qu’elles ne démissionnent pour faire passer ce message fort : pas de résultat, pas d’émergence !
Veuillez agréer, Madame la Présidente, l’expression de nos sentiments patriotiques.
Mamadou Sy Tounkara, Présentateur de « Senegaal ca kanam »