Sénégal : La démocratie est-elle menacée ? Par Ndiogou DIOP*

Lorsqu’un pays est à la croisée des chemins, entre émergence et développement réel, il faut du courage et beaucoup de détermination, pour le sortir de l’impasse. Or, malgré les non-dits, le Sénégal est dans cette situation, qui n’est pas récente. Force est de la reconnaître. Néanmoins, l’état des lieux, présentement, est préoccupant. A tous les niveaux d’évaluation, au triple plan économique, politique et social, cette situation suscite de multiples interrogations. L’on constate également une insuffisance de volonté et d’engagement de transformer un pays qui en a tant besoin. Les interrogations sont tellement nombreuses, qu’il faut commencer par la plus fondamentale. Où en est-on de la pratique de la démocratie politique ? Il convient d’admettre que les acquis démocratiques, qui faisaient du Sénégal une référence en la matière, sont fortement remis en question, et qu’il y a plutôt un recul. Un tel constat relève de l’objectivité.

Il suffit pour s’en convaincre de constater les reports successifs des élections locales. Jusqu’à quand ? À l’infini, le régime en place redoute-t-il l’arrivée de l’opposition dans la conduite et la gestion de la Cité ? Question qu’aussi bien l’opposition et le système en place ne semblent pas suffisamment appréhender, au grand dam des citoyens qui veulent que le calendrier républicain soit respecté, pour leur permettre d’assumer la plénitude de leur droit et devoir civique. En ce qui concerne l’opposition, le dossier du fichier électoral, cette revendication permanente et récurrente, d’une légitimité naturelle, ne saurait servir de prétexte pour repousser des élections attendues avec impatience par le peuple, qui a besoin de s’exprimer et de dire sa part de vérité par le vote. N’oublions pas que malgré un fichier électoral remis en cause avec constance, des alternances politiques se sont opérées dans notre pays, avec l’élection de l’ex-président de la République, Abdoulaye Wade, et celle de Macky Sall, actuel chef de l’État.

Une jeunesse en quête d’espoir

L’exercice de la démocratie politique, c’est doté notre pays de perspectives économiques et sociales. Sans évoquer une évidence, l’instauration de la transparence, notamment au niveau des élections. C’est pourquoi, l’objectivité requiert également que l’on respecte l’esprit des lois qui régissent la vie collective, en tenant compte de réalité comme la jeunesse de la population sénégalaise (70% ayant moins de 35 ans), et dont le désœuvrement et le désespoir constituent une menace réelle que l’État a le devoir de résoudre de manière durable. Or, cette réalité est la première menace qui pèse sur la démocratie sénégalaise. Face à cette jeunesse, l’État a le devoir de la sortir de l’ornière.

Quelles réponses apportées à ce qui ressemble à une exclusion de cette frange importante de la population ? Pourtant, elle est forte d’énergie et de capacité. Ce n’est donc pas surprenant qu’une bonne partie de cette jeunesse, exprime son désarroi et son désespoir, pour revendiquer son droit de participer au développement national, tout autant qu’à son épanouissement. Sa révolte, reconnaissons-le, est plus que normale. Le système informel a ses limites. D’où le nécessaire approfondissement de configurer et d’asseoir des perspectives d’avenir, non seulement pour elle, mais aussi pour le Sénégal, un pays qui mérite plus que l’image qu’il véhicule, même dans un monde habité de convulsions diverses.

Le moment de remonter est venu. Les pesanteurs qui pèsent sur notre pays, exigent de souligner que la démocratie politique au Sénégal, pour la comprendre et la saisir, est un grand voyage depuis l’époque coloniale.

Devoir de mémoire

Tous les partis politiques français avaient des relais dans notre pays, la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) entre autres. La justice sociale, donc les prémices de l’expression populaire, jusqu’à l’indépendance nationale, fût-elle nominale, apparaissait comme un grand pas vers la démocratie économique, qui devait être sa finalité. Là, il faut encore rafraichir les mémoires. C’est la création du BDS (Bloc démocratique sénégalais) par feu Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal, le non de feu Sékou Touré, premier président de la République de Guinée, pour épouser cette approche en 1958, et la naissance du RDA (Rassemblement démocratique africain) à Bamako, sous la férule de feu Félix Houphouët-Boigny, ancien président ivoirien, qui ont contribué à l’émergence d’une Afrique nouvelle. Mais quelles vraies réponses à l’époque quant aux problèmes auxquels il fallait faire face ? C’est vrai que l’exemple algérien, avec la création du FLN (Front de libération nationale), est à méditer de nos jours. Mais les données n’étaient pas les mêmes.

En ces instants cruciaux que le Sénégal est en train de vivre, visiter ou revisiter les archives de notre pays est essentiel et fondamental, pour en tirer des enseignements significatifs. La démocratie politique, historiquement interpelle un sort meilleur pour les peuples, qui dépasse la gestion clanique d’un pays ou la politique clientéliste et politicienne, minent tout espoir de développement. Souci premier, conforter la démocratie politique et permettre l’expression populaire. Pays phare en Afrique, n’éteignons pas les lumières qui ont guidé les sénégalais, pour dégager une forte appréciation de leur pays. Donc, continuons à renforcer la démocratie sénégalaise, pour que son processus nourrisse l’unité nationale et une Afrique dynamique et solidaire. L’exemple sénégalais doit servir pour une bonne lecture de l’histoire africaine, notamment de nos jours. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que l’apaisement trouvera durablement sa place dans l’espace public, impératif à tout développement patriotique, et fera part à l’opinion internationale de nos valeurs, de nos principes et convictions. Il n’y pas de démocratie politique sans épreuves. Encore faudrait-il vouloir les surmonter. Sans condescendance. La responsabilité, c’est aussi cela.

*Journaliste (Paris)

One thought on “Sénégal : La démocratie est-elle menacée ? Par Ndiogou DIOP*

  1. Malick Diallo

    ce malheur president mediocre imconpetent il a mentie combien de senegalais il a porter prejuge combien de familles il a tuer combien denfants en mer est pourtant yavait largent de LuE pour le financement de nos enfants pour les fixès au senegal tous ce Argent est deposer chez farba Ngome le Argentier de LAPR .a bon entendeur salue a lattention du peuple senegalais .

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