Dans un contexte où la tendance à l’intégration régionale et au renforcement de la souveraineté s’accentue en Afrique de l’Ouest, l’économiste malien Daouda Moussa Koné a partagé son analyse sur le rôle et les perspectives de l’Alliance des États du Sahel (AES). Selon lui, l’AES se distingue par sa capacité à répondre à ses propres défis sans dépendance extérieure.
« Cette alliance ambitionne d’être un bloc régional capable de répondre directement à ses défis sans influence extérieure et en comptant sur ses propres forces, ceci apparait dès lors comme gage d’indépendance », souligne l’expert.
Face à l’inaction d’autres organisations régionales telles que la CEDEAO, Mali, Niger et Burkina Faso ont choisi de prendre leur destin en main pour obtenir des résultats concrets. Selon Daouda Moussa Kone, l’AES bénéficie d’atouts indéniables. « Elle dispose de la plus grande superficie arable et d’énormes matières premières agricoles telle que le coton », précise-t-il. Il ajoute que, sur le plan minier, l’alliance est la première productrice d’or, d’uranium et de lithium dans l’espace UEMOA et CEDEAO, et détient d’importantes réserves d’autres ressources.
L’économiste estime que, si ces ressources sont gérées efficacement, elles permettront aux trois pays de construire une politique économique autonome. Actuellement, l’Alliance réorganise la gestion de ses ressources naturelles pour mettre en place une stratégie profitable à leurs populations et réduire la dépendance aux puissances étrangères, historiquement bénéficiaires de l’exploitation du continent africain.
Daouda Moussa Kone revient également sur les raisons pour lesquelles les précédentes alliances et structures régionales ont échoué face aux défis du Sahel : « L’AES est née à la suite des années de crises multidimensionnelles qui ont ravagé la région du Sahel. Des partenariats internationaux ont été développés pour y faire face comme l’opération Barkhane et la force du G5 Sahel. Ces opérations pilotées et financées de l’extérieur se sont soldées par des résultats mitigés voire insuffisants, et les pays du Sahel avaient la perception à juste raison que la lutte contre le terrorisme et autres groupes armés ne pouvait aboutir que si elle est menée par eux-mêmes».
L’expert a expliqué que le mécontentement suscité par les interventions étrangères, combiné à la montée du nationalisme et aux coups d’État militaires, a conduit à la formation de cette alliance, qui cherche à s’appuyer sur ses propres forces.
M. Kone souligne également les avantages que pourrait apporter l’AES à l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest : « L’Afrique de l’Ouest à l’instar du continent a été morcelée en micro-états non viables dans un environnement globalisé. La seule issue pour l’essor de la sous-région réside dans les regroupements de grands ensembles indépendants. Au regard de sa trajectoire actuelle et de ses ambitions, l’AES apparait comme le bon exemple à suivre pour l’instant ».
En conclusion, Daouda Moussa Kone insiste sur le fait que sans intégration régionale et sans adoption de mécanismes de développement adaptés aux réalités africaines, la prospérité restera difficile à atteindre. L’AES pourrait, à travers une coopération efficace, répondre aux enjeux sécuritaires et économiques, offrant ainsi un modèle de développement endogène et autonome pour la sous-région.