« Quand la République est couchée… » (Par Oumar Ndiaye, Chevalier de l’ordre national du Lion)

Un policier vient d’être radié, sa faute, avoir baisé la main de son guide religieux. Je marque mon accord avec cette décision de l’autorité. Cependant, n’est-ce pas une politique de deux (un poids), deux mesures ?

Notre république a fauté à plusieurs reprises et aucune sanction n’avait été prise par le passé. Combien de fois avons nous vu des hommes en tenue s’adonner à des chants et danses religieux ? On aurait dû prendre des décisions à ces occasions là. Mais il faut dire que le mal est plus profond.

La foi, la religion sont du domaine privé. Jusqu’à une certaine période, notre république a été plus ou moins respectueuse d’une éthique administrative. Mais en 2000 avec l’arrivée au pouvoir de Abdoulaye Wade, tous les codes ont été brouillés. Voilà que, pour la première fois dans l’histoire politique de notre pays, un président de la république, chef de l’état, clé de voûte de nos institutions, venait s’agenouiller devant un représentant du pouvoir religieux.

Voilà que pour la première fois, un président élu de la plus belle des manières allait déclarer qu’il tenait son pouvoir de la main d’un homme inscrit dans la finitude et non pas de Dieu et de nous, pauvres électeurs. Le pouvoir politique venait alors de faire allégeance au pouvoir religieux de manière très officielle. Avec Abdou DIOUF, il était presque impossible de dire à quelle confrérie il appartenait. Il avait su établir la frontière entre son pouvoir politique et le pouvoir religieux.

On ne l’a jamais vu se prosterner devant les religieux. Mais depuis que WADE a remis les clés de tous les pouvoirs aux religieux, toutes les autorités étatiques rivalisent d’ardeur pour affirmer leur appartenance confrérique. Depuis c’est une valse incessante dans tous les foyers religieux à la quête d’un mentor qui pourrait, soit vous maintenir au pouvoir, soit vous y amener. On aura tout vu et tout entendu.

Dans ce cas, pourquoi devrait-on s’étonner de voir un policier, un gendarme, un douanier, un DG national, un ministre ou même un juge faire acte d’allégeance et faire le soudiot à son pôle religieux ? Il me semble que, sous cet éclairage, la sanction prise contre ce policier est disproportionnée. Un simple avertissement ou un blâme aurait suffi pour recadrer les corps militaires et para militaires avant d’interdire, de façon claire et nette, à tous les représentants de l’état des pratiques similaires.

Nous sommes tous des croyants et avons tous une chapelle, mais c’est l’Etat qui commande dans le domaine temporel. C’est parce qu’une telle évidence a été oubliée par des politiciens opportunistes que notre république a été massacrée. Dans une république couchée, on mettra en évidence la photo de son guide religieux dans son bureau à côté de celle du président de la république.

Relevons la république et remettons notre foi et nos croyances dans le domaine de notre espace privé d’où elles n’auraient jamais dû sortir. Que Dieu nous vienne en aide dans son infinie Bonté!

Oumar NDIAYE, homme politique, chevalier de l’ordre national du Lion.

6 COMMENTAIRES
  • Euskey

    C’est quand tu as pris Abdou Diouf comme réference que tu as biaisé ton raisonement,c’est la foi des mourides qui vous dérange.

  • RTT tv45

    La foi est une affaire privée et dans ce cas spécifique le policier en question n’a pas voulu tempérer les choses et même a fini par défier ses supérieurs.

    • Euskey

      Change de disque celui là est rayé, la foi est une affaire privée.Nous ne sommes pas en occident, ce pays a des réalités socioculturelles qu’on ne peut pas enlever de la sphère publique.

      • Bourbajolof

        Réalités socioculturelles ?
        Qu’on ne peut enlever de la sphère publique?
        Il y , en effet, une date, partant de laquelle, tout est allé en quenouille ds ce fichu Galsen.

  • Djibson

    J’applaudis : courage, lucidité et clairvoyance
    Precis et sans blabla. Bravo

  • Madiama Qu'est ce qu'il y'a d'anormal jusque-là C

    Vous avez parfaitement raison.. Nous sommes tous témoins de ces agissements malheureux de ces deux regimes  » liberaux » qui, en réalité ne sont qu’un et un seul qui a fini de politiser et livrer la République, ses institutions les plus sacrees, fonctionnaires, agents et hommes publics de tous bords dépositaires d’une parcelle de responsabilité au pouvoir spirituel. Cela a commencé à partir de la première alternance pour s’intensifier et se systématiser à partir de 2000. Cet aliénation des fondamentaux et repères de la République a également désarticulé toutes les règles et normes qui prédisaient à la définition et la fixation des statuts particuliers des fonctionnaires et agents de l’Etat se traduisant par des faveurs injustifiées accordees à certains corps au détriment d’autres de même niveau académique ou meme plus académiquement gradués ! Depuis, l’anarchie totale qui règne dans le secteur public est devenue d’instabilité du fait de grèves répétitives dans les secteurs stratégiques de l’enseignement à tous les niveaux, de la santé, de la justice où les travailleurs ont pu asseoir un des formes d’organisation achevées. In fine, c’est à ces tares que nous devons cette arriération de notre pays dans tous les secteurs et tous les domaines.

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