Présidentielle en Tunisie : Candidatures bloquées et tensions croissantes
En Tunisie, le président Kais Saied a officiellement présenté sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre. Toutefois, certains rivaux potentiels affirment avoir été empêchés de déposer la leur. Deux d’entre eux ont même été condamnés à des peines de prison, risquant ainsi d’être exclus de la course électorale.
Kais Saied, âgé de 66 ans, a déclaré que sa candidature faisait partie d’une « guerre de libération et d’autodétermination » visant à « établir une nouvelle république ». Depuis son coup de force de juillet 2021, où il a limogé le Premier ministre et dissous le Parlement, il détient l’ensemble des pouvoirs. Les experts prévoient un parcours semé d’embûches pour les adversaires potentiels du président, élu démocratiquement en 2019.
Les critères pour se présenter à cette élection sont stricts : obtenir le parrainage de dix parlementaires, 40 présidents de collectivités locales, ou de 10 000 électeurs répartis équitablement à travers les circonscriptions. Cette tâche est rendue difficile en raison du soutien généralisé à Saied parmi ces groupes.
Parmi les opposants les plus virulents figure Abir Moussi, condamnée lundi soir à deux ans de prison en vertu du « Décret 54 », instauré en 2022 pour lutter contre les « fausses nouvelles ». Son casier judiciaire pourrait la disqualifier si sa condamnation est confirmée en appel. Elle est également accusée d’« attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement ».
D’autres candidats potentiels ont également fait état de difficultés. Mondher Zenaïdi a déclaré que les autorités avaient refusé de lui remettre son casier judiciaire. Kamel Akrout a mentionné que sa profession sur sa carte d’identité, qualifiée de périmée, empêchait la délivrance de ce document crucial. Il a accusé l’autorité en place de vouloir exclure toute opposition.
L’homme d’affaires et rappeur Karim Gharbi, connu sous le nom de K2Rhym, a été condamné à huit mois de prison. Plusieurs de ses collaborateurs ont été emprisonnés pour des soupçons d’achat de parrainages, accusations qu’il dément catégoriquement.
Une trentaine d’ONG, dont la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, ont critiqué les « arrestations arbitraires » de candidats et une « monopolisation de l’espace public ». Amnesty International a également exprimé ses inquiétudes face au « recul extrême des droits » dans le pays.