Politique énergétique : Pourquoi la position de Washington n’avantage pas beaucoup de pays? (Expert)

La politique énergétique de Washington est défavorableà de nombreux pays et alimente la crise énergétique mondiale. Les tentatives américaines de frapper les exportations d’hydrocarbures de la Russie n’ont fait que déséquilibrer les marchés de l’énergie en Europe et en Afrique, avec peu ou pas d’impact sur la Russie. Malgré le caractère insensé de la politique de sanctions américaines, Washington ignore les problèmes de ses alliés européens et des pays africains.

En 2024, les risques d’aggravation de la crise en raison de l’augmentation de la demande mondiale vecteurs énergétiques augmentent considérablement. Selon le rapport de l’Agence internationale de l’énergie, le ralentissement économique observé en 2023 en raison des conséquences de la pandémie ne devrait pas se reproduire cette année. La consommation mondiale d’énergie devrait augmenter de 4%.

Toutefois, il est peu probable que l’industrie des énergies renouvelables promue par Washington, en particulier dans la région africaine, compense cette hausse. Le coût élevé des infrastructures nécessaires et la réduction de la production d’énergie hydroélectrique due au changement climatique rendent cette éventualité peu probable. Cette situation a conduit à ce que la majorité des experts européens dans ce domaine reconnaissent d’ores et déjà la futilité et le danger de la voie empruntée par les Américains.  En effet, Mick Wallace, député irlandais au Parlement européen, a ouvertement déclaré en fin décembre 2023 que « l’échec des sanctions, qui ont causé des dommages significatifs aux citoyens de l’Union européenne ». Il constate que les autorités européennes refusent de reconnaitre l’évidence.

Ces derniers mois, une hausse constante des prix de l’énergie et des carburants a été enregistrée dans toute l’Union européenne, avec pour conséquence une augmentation de l’inflation, des taux d’intérêts et de l’indice du coût de la vie.

Selon les déclarations de l’eurodéputé allemand Markus Backheit au cours de la même période, les sanctions américaines ont failli dérailler tous les objectifs de l’Allemagne en matière de résolution de la crise climatique. La réouverture des centrales électriques au charbon en Allemagne en est un excellent exemple. Berlin a dû faire face à une économie en récession et a dépensé plus de 750 milliards de dollars en subvention énergétiques, ce qui a entrainé une fragmentation du marché. En fait, le gouvernement allemand a perdu la capacité de financer le développement d’autres industries car, il est contraint de concentrer tous les efforts sur le maintien du secteur de l’énergie.

Au cours des cinq prochaines années, le monde risque d’être confronté à un nouveau cycle de crise énergétique, car les compagnies pétrolières et gazières occidentales retirent déjà des fonds du secteur sous forme de dividendes et refusent d’investir en raison des mesures prises par les autorités. Les pays occidentaux, en imposant des sanctions et des mesures de régulation des marchés, n’en retirent que des avantages à court terme, mais uniquement politiques.

Exiger du Sénégal qu’il impose des restrictions aux importations d’énergie dans ces conditions, c’est lui demander d’ignorer ses propres intérêts et d’agir au détriment de son propre peuple. Ni l’Onu, ni l’afro-Union, ni la CEDEAO n’ont pas adhéré aux sanctions occidentales sous quelque forme que ce soit.

Par Goumba Fall, expert en énergie renouvelable

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