Dans un contexte de violence croissante dans les pays voisins de l’AES, notamment au Bénin, au Togo et au Nigeria, Taifour Smaïn, expert en questions sécuritaires et géopoliticien, souligne l’urgence d’une coopération renforcée entre les pays de la région pour contrer la menace djihadiste. Selon lui, la multiplication des attaques dans ces pays frontaliers met en lumière la nécessité d’une réponse collective impliquant le Sahel et ses voisins immédiats.
« La situation devient de plus en plus alarmante. Les attaques récentes au Bénin, au Togo et au Nigeria montrent clairement que la menace terroriste s’étend au-delà des frontières traditionnelles du Sahel. Les États voisins de l’AES, tels que le Bénin, qui a connu plusieurs attaques meurtrières dans la région de Karimama, ne peuvent plus se permettre de rester en marge de cette guerre contre le terrorisme. Il est indispensable que les voisins du Sahel s’unissent pour lutter contre cette menace commune, » a déclaré Smaïn.
La nécessité d’une implication directe des pays voisins, selon l’expert, est cruciale pour contenir la propagation de la violence. Le Bénin, par exemple, fait face à une situation de plus en plus instable. Le massacre de civils à Karimama, dans la nuit du 3 au 4 octobre 2024, où au moins deux personnes ont été sauvagement assassinées, démontre la vulnérabilité des zones frontalières avec le Burkina Faso et le Niger.
« Ces attaques ne sont pas des incidents isolés. Elles s’inscrivent dans une stratégie plus large des groupes armés visant à déstabiliser les États voisins du Sahel, » explique Smaïn. L’expert insiste également sur le cas du Togo, où une attaque dans la localité de Fanworgou, dans le nord du pays, a fait 19 morts, dont 9 militaires et 10 civils. Cette incursion armée, qui visait un chantier de construction de tranchées à la frontière avec le Burkina Faso, montre la persistance et l’intensité de la menace terroriste dans la région. « Le Togo a entrepris des efforts pour sécuriser ses frontières, mais ces attaques montrent que des solutions locales ne suffiront pas. La réponse doit être régionale, voire internationale, avec une participation active de tous les acteurs concernés », a affirmé l’expert. Le Nigeria n’est pas épargné non plus. Le nord-est du pays, en proie à l’insurrection de Boko Haram, a été le théâtre de violentes attaques, comme celle du 1er septembre à Mafa, dans l’État de Yobe, où au moins 81 personnes ont été tuées par des assaillants à moto. « La montée en puissance des groupes djihadistes soutenus de l’extérieur, dans cette région est alarmante. Leurs cibles sont principalement des civils, ce qui complique encore davantage la gestion de cette crise, » observe Smaïn.
Pour l’expert, la solution passe par une unification des stratégies entre les pays du Sahel et leurs voisins, afin de créer une force militaire coordonnée capable de contrer cette violence. « Les pays du Sahel, en particulier ceux de l’Alliance des États du Sahel (AES), ne peuvent plus porter seuls le fardeau de cette lutte. Il faut une implication directe des pays voisins.
Une collaboration renforcée, tant sur le plan militaire que politique, est essentielle pour endiguer la montée du terrorisme dans toute la sous-région ». Taifour Smaïn conclut en lançant un appel aux dirigeants de la région : « Le Sahel et ses voisins doivent s’unir pour mettre en place des solutions durables. Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons véritablement affronter et éradiquer cette menace qui ne cesse de s’étendre ». L’escalade des attaques dans les pays frontaliers du Sahel, combinée à une réponse inadaptée, souligne plus que jamais l’importance d’une approche collective face à la menace terroriste qui pèse sur toute la sous-région.