Otage canadien décapité aux Philippines, les défis lancés par Abu Sayyaf

L’exécution de l’otage canadien, Robert Hall, est un défi lancé par le groupe islamiste philippin au président Rodrigo Duterte. Et à la politique de non-versement de rançons annoncée par le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Après la décapitation, le 13 juin, par le groupe terroriste philippin Abu Sayyaf du Canadien Robert Hall, le président fraîchement élu, Rodrigo Duterte, est “resté muet”, relève le Philippine Daily Inquirer.

Le porte-parole d’Abu Sayyaf, Abu Rami, interrogé par le quotidien, avait indiqué que la décision de “décapiter Hall, bien que ce soit le mois saint du ramadan, [était] un signe de défi à Duterte”.
“Nous n’avons pas parlé de cette situation”, a précisé au journal le porte-parole de Rodrigo Duterte, Salvador Panelo, faisant référence à une réunion de l’équipe du futur président. Elu le 9 mai dernier, le maire de Davao prendra ses nouvelles fonctions le 30 juin prochain.
Un discours de fermeté

Le futur président s’était montré très ferme en avril dernier, après la décapitation du compatriote de Hall, John Ridsdel. Au cours d’une conférence de presse, il avait présenté des excuses au Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et l’avait assuré que, à l’avenir, “tout serait mis en œuvre pour que quelque chose de cette nature ne se reproduise pas. ‘Soyez assuré que, le temps venu, nous serons en mesure d’arrêter les criminels et de les présenter à la justice’”, avait-il précisé, rappelle le quotidien de Manille.

Quelques heures avant sa mort, Robert Hall lançait un ultime appel à l’aide. “Nous espérons que le gouvernement philippin fera tout pour nous sortir de là. Si Duterte veut nous aider, qu’il nous aide”, disait-il aux journalistes du Philippine Daily Inquirer.

Quelle alternative ?
La date du 12 juin avait été fixée pour le versement d’une rançon d’un montant de 5 millions d’euros. Le 25 avril dernier, le groupe avait décapité John Ridsdel, faute d’avoir obtenu gain de cause.

Pour sa part, le quotidien canadien The Globe and Mail revient dans son éditorial sur la politique de non-versement de rançon annoncée par Justin Trudeau, après la décapitation de John Ridsdel. Cette annonce du Premier ministre canadien était “une surprise, souligne le quotidien. Il est évident que, par le passé, Ottawa a payé ou a permis le versement de rançons.”

“Si M. Trudeau a l’intention de s’en tenir à cette politique, il lui faudra démontrer qu’il existe une véritable alternative, autre que celle de regarder impuissant des otages canadiens se faire tuer.” “Montrez-nous des résultats, M. Trudeau, sinon vos paroles n’auront aucune valeur”, conclut le quotidien anglophone.

Brigands et militants islamistes

Installée à Sulu, dans le sud de l’archipel philippin, la nébuleuse Abu Sayyaf revendique une proximité avec les groupes islamistes radicaux. Associée à Al-Qaida dans les années 2000, elle a prêté allégeance à Daech. La prise d’otages lui permet de financer ses opérations de guérilla. En avril dernier, un groupe de ressortissants indonésiens et malaisiens avait été libéré. Plusieurs Philippins sont encore détenus.

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