Mondial 2014 : Diego Costa, nulle part chez lui

Mondial 2014 : Diego Costa, nulle part chez lui

Doit-on s’interroger sur les vertus du placenta de jument ? Blessé au biceps fémoral de la cuisse droite et incertain pour la finale de la Ligue des champions, Diego Costa s’était rendu à Belgrade, le 20 mai, pour rencontrer Marijana Kovacevic, une spécialiste des blessures musculaires. Elle aurait, par le passé, réussi des prouesses en retapant, à l’aide de placenta de jument et de faibles décharges électriques, l’attaquant néerlandais Robin Van Persie ou les internationaux anglais Franck Lampard et Glenn Johnson.

« Docteur Miracle » aurait-elle jeté un sort à Diego Costa ? Contraint de quitter le terrain neuf minutes seulement après le coup d’envoi de la finale de Ligue des champions, Diego Costa n’a pas franchement brillé lors de ce Mondial brésilien : 126 minutes sur le pré, 5 tirs, 0 cadré. Cela fait peu pour un joueur dont la naturalisation a été si compliquée à obtenir et qui a bouleversé en profondeur le jeu espagnol.

Lire : Fin de règne pour l’Espagne, éliminée au premier tour du Mondial

Diego Costa ne voulait pas vraiment devenir footballeur. Ce qui ne l’empêche pas à 18 ans, bien aidé par l’œil d’un recruteur portugais, de quitter son Lagarto natal (au nord du Brésil) pour signer son premier contrat professionnel avec le club portugais du Sporting de Braga, en 2006. Le chemin de croix commence alors. Prêté en division 2 portugaise, il est recruté par l’Atlético de Madrid en 2007 qui le prête successivement au Portugal (retour au Sporting Braga), en Espagne (Celta Vigo, Alabacete Balompié en division 2, Real Valladolid en division 1).

De retour à l’Atlético Madrid au début de la saison 2010-2011, il est successivement barré par Diego Forlan, Sergio Agüero et Radamel Falcao, se blesse gravement au genou en juillet 2011, ce qui pousse son club à… le prêter au Rayo Vallecano, avec qui il inscrit 10 buts en 16 matches. Il faudra attendre la saison 2013-2014 pour voir la carrière du buteur Brésilien décoller. Après plusieurs années compliquées, Diego Costa enfile les buts comme des perles avec l’Atlético : 19 buts lors des 17 premières journées de Liga, le buteur brésilien termine l’année en tête du classement du Soulier d’or européen.

« TOUT CE QUE J’AI, C’EST CE PAYS QUI ME L’A DONNÉ »

En sélection, son parcours est aussi atypique qu’en club. Il débute sous les couleurs brésiliennes en mars 2013 lors de deux matches amicaux, contre l’Italie et la Russie. Il ne participera pas, en revanche, à la Coupe des confédérations, que le Brésil remporte face à l’Espagne, le 1er juillet de la même année. Quatre jours plus tard, Diego Costa obtient la nationalité espagnole et le 29 octobre, il signe devant notaire son renoncement à jouer avec le Brésil.

Une première dans l’histoire de la Seleçao. « Ç’a été une décision assez compliquée, comme peut l’être la décision de choisir entre le pays où tu es né et le pays qui t’a tout donné, l’Espagne », se justifie-t-il à l’époque. « La bonne chose à faire est de jouer en Espagne parce que j’ai tout fait ici, tout ce que j’ai, c’est ce pays qui me l’a donné (…) Ici je me sens apprécié pour tout ce que je fais au quotidien et je ressens l’affection des gens ». Le 28 février 2014, il honore sa première titularisation face à l’Italie, au cours d’un match amical que l’Espagne remporte 1-0.

DÉJÀ TOURNÉ VERS LONDRES

Dans une sélection espagnole, dont la quête esthétique n’a pas laissé insensible la planète foot ces dernières années, la titularisation de Diego Costa, quelque peu contrainte par les efforts déployés par obtenir sa naturalisation, détonne. Cet attaquant robuste, au caractère bien trempé (comme vous pouvez le constater dans la vidéo ci-dessous) est le bouc émissaire parfait d’une nation qui se voyait encore championne du monde en cette année, après avoir triomphé en 2010 en Afrique du Sud.

Le plus cruel dans cette histoire ? Sifflé dans tous les stades, le buteur de l’Atlético manque à peu près autant à la Seleçao qu’il désespère les supporters de la Roja. Depuis le début de la compétition, les performances de Fred, titulaire à la pointe de l’attaque brésilienne, ne convainquent pas et il pourrait bien manquer un Diego Costa aux Brésiliens pour décrocher un titre de champion du monde que le peuple auriverde attend. Cela n’empêche visiblement pas le buteur de l’Atlético de dormir. Si tôt la défaite de l’Espagne consommée, Costa s’empressait de déclarer hier soir, sur les ondes de la radio espagnole Onda Cero, que son futur était à Chelsea.

Le Monde

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