Mouharam: Jour de l’an pour les musulmans: Un silence si bavard

Aujourd’hui ce 1 er octobre 2016 est le premier jour du calendrier musulman, 1438. Communément appelé, Mouharam, ce mois béni doit être un jour de réflexion et de retour à soi. Mais malheureusement bon nombre sont les musulmans qui ignorent même son existence.
C’est l’occasion de faire des introspections et de se réconcilier avec soi et les autres. Un moment ou les musulmans du monde sont obligés de tenir des discours défensifs pour dire ce qui n’est pas l’Islam. De Jakarta à Dakar en passant par Londres ou Paris, dans les plateaux de télés aussi bien que dans les colonnes des journaux, les intellectuels musulmans sont invités à condamner ou dénoncer certaines pratiques qui s’apparentent à leur religion.
Boko Haram, l’Etat islamique, Al Qaida etc infestent le discours qui devrait prévaloir. Des débats étouffés par les suffixes « isme » comme le dit le penseur Ghaled Bencheikh, le suffixe tue le radical, le marxisme a tué Marx, l’écologisme a tué l’écologie, la communautarisme a tué la communauté et l’islamisme risque de tuer l’Islam.
Il faut retourner aux sources scripturaires et enseigner le message du prophète (Psl) et de ses héritiers. L’heure est grave: plus de deux cent mille (200.000) musulmans sont pilonnés en Syrie par les avions russes, les chars de l’Etat islamique et de Bachar Al Assad. La crise Palestinienne qui a duré plus d’un demi siècle a fini par faire perdre le sens de la dignité humaine chez les fidèles avec des carnages injustifiés. Les massacres horribles de Boko Haram et des Shebab continuent à exacerber la haine et le mépris au sein des peuples déjà affaiblis par la pauvreté.
Face à ces questions qui manquent de réponse est venu s’ajouter le problème de l’immigration et du vivre en ensemble en Occident. Du pain béni pour les partis de l’extrême droite auxquels la popularité ne cesse de croître à cause des thèmes populistes et racistes soulevés par ces derniers. En France et Suisse les questions politiques sont « culturalistes » voire islamistes où on confond immigration et Islam (Burka, Bikini, minaret, radicalisation, terrorisme se discutent et se disputent). Cette politique de peur pour avoir un bazar électoral comme le dit Robert Badinter a redéfini les rapports et relations entre citoyens d’une même nation.
La coupe est pleine, il faut une réponse à ces fléaux. Le premier jour du Mouharam est à prendre au sérieux pour faire des bilans et proposer de nouvelles perspective. » Quand le neuf tarde à naître et l’ancien tarde à mourir c’est là que surgissent, les phénomènes les plus morbides, les monstres » Antonio Gramsci. Nous avons besoin d’une prise de conscience, Mouhram est la bienvenue ».