Doudou Diop, président du conseil d’administration de la SAPCO, a plaidé pour un nouveau modèle de tourisme au Sénégal, axé sur les communautés locales. Lors de la conférence Vision 2050 à Mbour, il a dénoncé les obstacles qui freinent le développement du micro-tourisme, notamment des réglementations inadaptées et une vision centralisée du secteur.
Des normes rigides qui étouffent l’initiative locale
Selon Doudou Diop, l’interdiction faite aux hôtels d’intégrer des boutiques artisanales est contre-productive. Cette mesure, censée préserver une image « haut de gamme », prive les artisans d’un accès direct aux touristes et affecte l’économie locale. Certains hôtels contournent même la règle en vendant eux-mêmes des objets artisanaux, captant ainsi les revenus sans les redistribuer à la communauté.
Les normes hôtelières importées, comme l’obligation d’installer la moquette, la climatisation ou les doubles rideaux, sont également pointées du doigt. Ces critères, souvent inadaptés au climat et à la culture sénégalaise, excluent les petits entrepreneurs qui souhaitent proposer des hébergements plus simples et écologiques.
Repenser le tourisme pour un développement durable
Face à ces constats, Doudou Diop appelle à une refonte des politiques publiques. Il préconise d’encourager les circuits courts, de valoriser l’initiative locale et d’adapter les normes aux réalités sénégalaises. Le micro-tourisme, selon lui, représente une démarche éthique, solidaire et durable, capable de redynamiser les territoires et de redonner du sens au voyage. « Ce tourisme de proximité, c’est la poésie du réel : le sourire du guide, la main de l’artisan, la table partagée dans une case, la parole transmise au détour d’un sentier », a-t-il déclaré. Un point de vue partagé par d’autres acteurs du secteur qui plaident pour un tourisme plus inclusif et ancré dans les réalités locales.
« C’est un avenir pour le Sénégal, à condition de lever les barrières qui l’empêchent encore de rayonner. Ensemble, pour un tourisme plus juste, plus humain, plus sénégalais », conclut Samba Niébé Ba, auteur de l’article original dans Sud Quotidien.