Macky Sall – Conseil constitutionnel : Jeu de la poule mouillée ou faucon-colombe*
En théorie des jeux, le chicken-game ou jeu de la poule mouillée renvoie à une situation où deux automobilistes foncent l’un sur l’autre sur une route étroite. Si personne ne dévie, tous les deux sont morts, si l’un des conducteurs dévie il se sauve et sauve la vie de l’autre mais il est la poule mouillée; au Sénégal on dira que c’est un « taappète ». Le faucon a des positions agressives pour défendre ses intérêts alors que la colombe est symbole de la paix.
Dans ce jeu, la coopération est récompensée. Donc chacun a intérêt à donner, très tôt, un signal qui permet à l’autre d’être à l’aise s’il veut éviter le choc.
Macky Sall (conducteur 1); conseil constitutionnel (conducteur 2).
Le Président a commencé par dire qu’il y a deux magistrats du conseil constitutionnel soupçonnés de corruption avant d’activer « ses » députés pour voter une loi mettant en place une commission d’enquête parlementaire; donc le conducteur 1 fonce.
En guise de réponse, le conseil constitutionnel annule aussi bien son décret que la loi votée par l’assemblée nationale. Mais le conseil lance un signal d’apaisement en lui demandant de fixer une date dans les meilleurs; une manière de lui laisser ses prérogatives de Président. Donc le conducteur 2 appuie aussi sur l’accélérateur tout en mettant les codes phares pour mieux attirer l’attention du conducteur 1 (Macky).
Malheureusement Macky était au téléphone avec ses conseillers qui lui demandaient de ne pas ralentir et qui lui ont soufflé la mauvaise idée de convoquer un dialogue sur la route. Par coïncidence c’était même sûr une autoroute, à Diamniadio, créant des embouteillages (participants qui n’ont rien à voir avec le processus électoral) qui ont empêché les automobilistes en règle de circuler (les 17 autres candidats validés par le conseil constitutionnel et qui n’ont pas participé au dialogue).
C’est de ce « dialogue » qu’est sortie la date du 2 juin qui dépasse le mandat présidentiel. C’est comme si on doit parcourir plus de kilomètres que la longueur de la route sur laquelle on roule en sens unique !
Malgré l’incohérence flagrante de cette proposition, le PR la soumet au conseil constitutionnel pour avis; c’est une manière pour lui d’appuyer encore sur l’accélérateur.
Voyant que ce conducteur 1 (Macky) n’est pas concentré , le conducteur 2 (Conseil constitutionnel) combine l’effet visuel (les phares) et l’effet sonore (le klaxon) en rejetant la date du 2 juin et en fixant lui-même la date du 31 Mars. C’est seulement en ce moment que le conducteur 1 est revenu à la raison pour enfin ralentir pour fixer une date; le 24 Mars.
Le conducteur 2, se rendant compte qu’il est inutile d’insister a aussi ralenti pour accepter cette date du 24 Mars. Le Sénégal est sauvé, le conseil constitutionnel sauvé, le Président de la république sauvé.
Qu’on soit faucon ou colombe, la paix peut nous profiter.
*Pr. Abou KANE
FASEG/UCAD
Bien exposé monsieur Abdou Kane, rien ne vaut plus que la paix.
Bon démarrage de compagne des Candidats.
L’inspiration est bonne mais l’accouchement est un peu laborieux.
Se référer à un anglicisme n’était pas nécessaire car le mot poule est en lui-même bien explicite.
Personnellement « The Sissy Games » aurait été plus approprié.
Foncer l’un sur l’autre revient à parler de se ruer.
Se foncer dessus tête contre tête aurait été plus approprié.
Ceci dit nous avons participé à un jeu de très mauvais goût entre protagonistes.
Le parrainage a été une catastrophe aussi bien dans son concept que dans son application.
On sentait la triche à plein nez aussi bien dans le camp du pouvoir que dans celui du CC.
Macky balbutiant et circonspect cherchait désespérément à gagner du temps espérant ainsi créer un vide institutionnel.
Le CC avait la trouille d’un retour de bâton de son maître ce qui explique son pénible et incompréhensible bégaiement à jouer son rôle de gardien et de régulateur.
Toutes les deux parties se sont données à cœur joie à un jeu de tricherie.
Heureusement pour le Sénégal la peur du CC de se retrouver le ventre vide après Macky a pris le dessus mettant irrémédiablement à mal une énième tentative d’un troisième mandat.
Ne vous détrompez pas car les jeux ne sont pas encore faits.
Malgré cet accouchement douloureux, tout peut encore arriver.
Une affaire comme celle de Maimouna Ndour est encore dans l’air.
Nos 19 candidats n’ont qu’à bien assurer leur propre sécurité car Macky est désespéré.
Il peut aussi nous sortir une démission de dernière minute si l’un des candidats qu’il a financé n’arrive pas en tête.
La presse de Macky agite de plus en plus l’idée d’un retour à la case départ si le président de l’Assemblée nationale devait prendre le relais.
Attendons-nous donc à de nouveaux rebondissements.