L’ivoirité : entre valeurs culturelles et enjeux politiques

L’ivoirité : entre valeurs culturelles et enjeux politiques

Qu’est-ce qu’un Ivoirien ? Telle est la question que se pose bien des individus, visant à différencier et identifier les gens. L’être humain étant en constante évolution, il est ardu de le définir de manière stricte. Il s’agit là de la beauté et de la particularité de notre humanité. Ce questionnement nous amène au concept d’ivoirité, qui, à son origine, selon Thiémélé Ransès Boa, maître de conférences de philosophie à l’Université de Cocody, Abidjan, incarnait « l’ensemble des valeurs que l’Ivoirien apportait à la construction de l’africanité » (In « Les États-nations face à l’Intégration régionale en Afrique de l’Ouest. Le cas de la Côte d’Ivoire », Éditions Karthala, Paris 2009).

Thiémélé Ransès Boa explique que l’objectif initial était de forger une identité ivoirienne authentique contribuant à l’enrichissement de l’Afrique et du monde. Toutefois, ce concept a rapidement été manipulé politiquement, devenant le socle d’une conscience nationale qui, finalement, a favorisé un micro-nationalisme. Il s’agissait initialement d’un cadre culturel et unifiant, qui a malheureusement évolué vers un facteur de division. Boa parle d’une « injustice intellectuelle » à l’encontre des véritables fondateurs (Niangoran Porquet et Pierre Niava) et de l’époque de sa création (1974).

Dans les années 1970, Léopold Sédar Senghor, alors président du Sénégal et défenseur de la Négritude, mentionne pour la première fois le concept d’ivoirité lors d’une leçon inaugurale en décembre 1971 en Côte d’Ivoire. Il le mettait alors en parallèle avec la Francité, la Sénégalité et l’Arabité, suggérant une participation au « banquet de l’Universel », tel que rapporté dans le Mémorandum du Front Populaire Ivoirien présenté à Linas Marcoussis en janvier 2003. Pierre Niava a ensuite repris cette notion en relation avec l’œuvre de Niangoran Porquet, promouvant la contribution ivoirienne à l’unité culturelle africaine.

L’évolution politique du concept s’est accentuée à partir de 1995, lorsque le président et candidat Henri Konan Bédié l’évoque pour affirmer la spécificité culturelle ivoirienne. Il insiste sur l’enracinement des peuples ivoiriens et ceux partageant les mêmes valeurs. Dans « Les chemins de ma vie » publié en 1999, Bédié précise que l’ivoirité concerne avant tout les peuples vivant en Côte d’Ivoire. Cependant, Thiémélé Ransès Boa souligne que cette version politique a pris une teinte idéologique, notamment lors des élections de 1995 et autour de l’entrée d’Alassane Dramane Ouattara en politique, premier lieu de vives discussions sur les origines et nationalités des candidats.

Ce texte a été initialement publié sur le site Sud Quotidien, fournissant un éclairage sur l’évolution complexe de la notion d’ivoirité et sa transformation d’un concept culturel en enjeu politique.

2 COMMENTAIRES
  • YES

    ( * ) : ILS ont sur-endetté le Sénégal.

  • YES

    ILS mettent des Musulmans à la tête de pays africains et catholiques.

    ILS mettront un Chrétien à la tête du Sénégal pour réformer l’Islam sénégalais et l’Oumma sénégalaise.

    Ce jour-là, nous verrons si les médias sénégalais de grand chemin disent ou écrivent que cette réforme est compatible avec la Sénégalité.

    « Comment vont-ILS faire cela ? »
    Monsieur B, Sénégalais.

    ILS ont sur-detté le Sénégal.

    « La main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit. »
    Napoléon Bonaparte

    Donc le moment où le Parlement du Sénégal réalisera les réformes exigées par les bailleurs de fonds du Sénégal approche.

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