L’école Batou Diarra de Tambacounda : un patrimoine en déliquescence qui suscite l’inquiétude

Située au cœur de la commune de Tambacounda, l’école élémentaire « Batou Diarra » se trouve aujourd’hui dans un état de délabrement avancé. Considérée comme l’un des premiers établissements d’enseignement primaire du Sénégal oriental, cette école, qui date de 1918, est classée patrimoine mondial de l’UNESCO. Pourtant, elle se caractérise par un manque criant d’espace et d’infrastructures adéquates pour offrir un cadre d’étude favorable.
À 11 heures, l’heure de la récréation résonne, et les élèves envahissent la cour, ignorant la poussière soulevée par le vent frais. En dépit d’une ambiance joyeuse, les signes de vétusté sont flagrants : des toitures qui s’envolent à la moindre intempérie, un mur de clôture sur le point de céder et des toilettes non fonctionnelles. Ce site historique a pourtant été le berceau d’éminents cadres sénégalais, dont deux anciens Premiers ministres, Me Sidiki Kaba et Aminata Touré.
Selon le témoignage recueilli par nos confrères de Sud Quotidien auprès de Gnilane Faye, nouvelle directrice de l’école depuis octobre 2023, « Batou Diarra » a accueilli des générations d’élèves provenant de diverses localités comme Tambacounda, Bakel et Kédougou. Gnilane Faye déplore le spectre de l’insécurité qui plane sur l’établissement. « Des animaux divaguent dans l’enceinte et des motards Jakarta y circulent librement », explique-t-elle.
Malgré ces défis, l’école maintient de remarquables performances académiques. Depuis quatre ans, elle obtient des résultats exceptionnels avec 100 % de réussite au Certificat de Fin d’Études Élémentaires (CFEE) et à l’Entrée en Sixième, pour un total de 486 élèves répartis entre dix enseignants.
La nécessité d’une réhabilitation est criante. Les appels de la direction pour rénover le mur de clôture et construire de nouvelles salles de classe sont pressants. Actuellement, seuls neuf locaux sont disponibles, alors que le Changement Climatique des CRFPE (Centre Régional de Formation des Personnels de l’Éducation) a réduit l’espace destiné aux élèves en prenant deux salles supplémentaires.
Ibrahima Signaté, un des enseignants actuels, déplore également la situation. « Batou Diarra, un établissement centenaire, souffre d’un manque d’infrastructures adéquates et d’une insécurité croissante », affirme-t-il. Parallèlement à cela, aucun gardien n’assure la sécurité nocturne, et un besoin urgent de développement d’espaces verts se fait ressentir.
Ancien directeur de l’école, Aliou Sy partage également son appréhension. En poste de 2001 à 2014, il déclare que les infrastructures sont depuis longtemps un véritable défi. Il sollicite l’aide des autorités actuelles, ainsi que celle de l’ancien Premier ministre, Me Sidiki Kaba, pour transférer le CRFPE ailleurs et ainsi désengorger l’école.
Dans ce contexte préoccupant, « Batou Diarra » demeure, cependant, un symbole de résilience, avec des responsables déterminés à maintenir la réputation de cet établissement emblématique du Sénégal oriental. En se basant sur les informations fournies par Sud Quotidien, les voix s’élèvent pour appeler à une action rapide afin de préserver ce patrimoine éducatif unique.