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Le peuple sénégalais n’a plus de repères (Par Nicolas S. Bassène)

Le Sénégal était un pays où le respect des valeurs (honnêteté, respect d’autrui et des institutions, honneur, éthique, bravoure, culte du travail, solidarité, entraide…) était fondamental dans les différentes communautés le composant. S’y conformer était la règle immanquable, l’obligation intransigeante, la fierté pour soi et pour sa communauté. Or, aujourd’hui, que ce soit dans le domaine économique, social, sociétal, politique et même religieux, ces valeurs précitées sont battues en brèche entrainant une perte de repères inquiétante.

Le Sénégal a beaucoup changé avec l’effacement des valeurs (la dignité, l’honneur, le respect d’autrui, le mérite, le sens de l’effort, le don de soi, l’appartenance solidaire à un groupe honnêteté, le respect des institutions, l’éthique, la bravoure, le culte du travail, la solidarité…) entrainant la perte de repère. Cette perte de repère est la résultante de la confluence de deux processus : une crise morale et une crise économique qui aboutissent à un Sénégal d’hostilité et de peur. La crise morale affectant le respect de l’autre et des institutions se manifeste par un individualisme et un égoïsme croissant entrainant la perte du sens de l’engagement personnel, de l’irresponsabilité et du devoir. Alors que la crise économique se manifestant par l’idolâtre du buzz, de la recherche de la popularité, de la domination et du gain facile à tout prix entrainant la médiocratie.
Pourtant, les valeurs morales favorisaient l’unification, la cohésion et la concorde de notre nation. Elles étaient incarnées et vivifiées par des personnalités (autorités coutumières, administratives, religieuses…) à la probité morale irréprochable et à l’humilité sans égale qui servaient de repères aux sénégalais. Ce fut le cas de feu juge Kéba Mbaye dans le domaine de la justice, de Mame El Hadj Abdoul Aziz Sy Dabakh, cardinal Hyacinthe Thiandoum pour le côté religieux et tant d’autres dans divers secteurs de la vie de notre nation. Ces hommes et femmes de valeur faisaient notre fierté et illuminaient à travers leur discours, leurs actions et leurs actes.
Cependant, Face au décrochage de nos valeurs, le Sénégal vit un changement profond des valeurs. Ce changement a commencé à s’opérer vers le début des années 2000 avec la première alternance politique puis s’est empiré avec la deuxième alternance en faisant l’apologie de la liberté d’expression comme gage de vitalité démocratique. Ainsi, le Sénégal a laissé une friche que les semeurs de haine ont labouré. Ainsi, la virulence des paroles, l’acerbe politisation atteignant même nos foyers religieux, la désacralisation et la démystification de nos institutions à travers des nominations partisanes tous azimuts ne tenant plus compte de la probité morale, de la compétence, de l’expérience ou de l’expertise, l’accessibilité, l’universalisation des réseaux sociaux et surtout la liberté d’expression mal comprise, la faiblesse du débat politique, la partisanerie ou complicité d’une certaine presse…ont fini bonnement de sonner le glas aux valeurs. Par conséquent, les insultes, les invectives, les balivernes, le non-respect de la parole donnée, l’indiscipline, l’insouciance, l’indifférence, la contrevérité… sont édictés en règles et en normes de vie. N’est-il pas cette « jeunesse malsaine » décriée le 28 février 1988 À Thiès par le président Diouf devenue adulte qui le fait ? Et si Diouf avait raison !
Le Sénégal coule à pic et nous sommes en perdition de repères nous menant une impasse provoquant des crises : (i) sociales et politiques conduisant à un vide en termes de leadership et de valeurs, (ii) pertes culturelles et traditions avec une érosion des fondements culturels et identitaires, (iii) désinformation et propagande confinant les sénégalais de comprendre et de se forger une opinion critique, (iv) éloignement du peuple avec ses élites provoquant un sentiment de méfiance et d’incompréhension où le peuple se sent délaissé et ignoré, (v) communautaire favorisant l’individualisme croissant, (vi) identitaire et de cohésion sociale, (vii) d’insécurité provocant un sentiment d’incertitude quant à l’avenir, (viii)de prise de décision menant à des choix impulsifs, (ix) fragilisation des institutions existantes pouvant entrainer une instabilité politique et sociale et (x) risque de manipulation par des forces politiques ou idéologiques.

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Ceci étant, le Sénégal d’aujourd’hui est orphelin de repères. Ce manque est orchestré par la promotion des antis valeurs qui nous mènent au désert de la raréfaction voire de l’inexistence de figures emblématiques marquantes, influentes, motivantes et inspirantes auxquelles tout un peuple ou des générations s’identifient. Cette porte ouverte nous pousse à nous demander quel Sénégal allons-nous léguer aux générations futures au moment où falsifier ou trafiquer des diplômes est soutenu et leurs auteurs devant raser les murs se muent en donneur de leçon sont adulés ? Voulons-nous d’un Sénégal où les citoyens sont totalement désorientés eu égard à leur manque de repères ? Pouvons-nous accepter que l’honneur et la dignité soient remplacées par la lâcheté et la passivité face aux dangers qui nous menacent ? Où va le Sénégal ?
« Osons le changement »

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