Les autorités françaises semblent éviter tout conflit avec les nouvelles autorités sénégalaises. Selon un article publié sur Le Monde.fr, Paris a choisi de ne pas réagir aux déclarations du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko. Le jeudi 16 mai, Sonko a accusé la France de n’avoir pas dénoncé la répression contre son camp sous l’ancien président Macky Sall, des propos tenus lors d’une conférence en compagnie de Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France insoumise, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, lors de sa visite la semaine dernière au Sénégal.
Sonko a profité de cette occasion pour critiquer vivement le gouvernement français, déclarant : « Beaucoup de gouvernants français s’accommodaient mal de notre discours souverainiste, ce qui explique le silence approbateur face à la répression contre notre parti politique. » Il faisait référence aux manifestations réprimées en 2021 et 2023, ajoutant : « Durant toute la période de persécution extrêmement violente ayant entraîné et causé la mort de plus d’une soixantaine de personnes, vous n’avez jamais entendu le gouvernement français dénoncer ce qui s’est passé. Vous n’avez jamais entendu l’Union européenne dénoncer ce qui se passait au Sénégal. » Ces déclarations ont été accueillies par des applaudissements de l’auditoire, avec certains étudiants criant « complices », « hypocrites » et « haute trahison ».
Selon Le Monde, à Paris, les propos de Sonko n’ont pas été ignorés, mais aucune réaction officielle n’a été émise ni par l’Élysée ni par le Quai d’Orsay. Les autorités françaises ont adopté une position prudente, tentant d’éviter de devenir la cible d’une nouvelle vague d’antifrançais, semblable à celle qui a émergé après les putschs militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger depuis 2020.
Le Premier ministre Sonko participait pour la première fois à un événement public depuis son accession au pouvoir il y a six semaines, après la victoire de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle. Chef du parti les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), Sonko a tenu une conférence sur les relations entre l’Afrique et l’Europe, en présence de Jean-Luc Mélenchon.