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La Gouvernance scandaleuse et vicieuse ! Par Babacar DIOP JDS*

Aristote a écrit dans Ethique à Nicomaque que « la justice ne peut être considérée comme une simple partie de la vertu ; c’est la vertu tout entière ; et l’injustice qui est son contraire, n’est pas une partie du vice, c’est le vice tout entier ». La gouvernance de Macky Sall ignore tout de la justice et se corrompt dans l’injustice, l’iniquité et une violation permanente des principes de l’Etat de Droit. Les citoyens sont traités selon leur appartenance sociale et politique. Le scandale et le vice ponctuent la marche du pouvoir actuel. La presse annonce que des prisonniers qui ont détourné les deniers publics vont bénéficier d’une grâce présidentielle. Pendant ce temps, d’autres prisonniers qui ont commis des fautes mineures vont continuer de croupir en prison. C’est injuste et scandaleux. Des citoyens épinglés par les audits, parce qu’ils appartiennent au parti au pouvoir, se permettent de clouer au pilori, avec une arrogance à couper le souffle, les organes de contrôle de l’Etat. Il y a une rupture d’égalité des citoyens. Le Sénégal est un pays où seuls les pauvres croupissent dans l’enfer des prisons, comme Jean Valjean qui devient un forçat pour un pain volé afin de donner à manger à sept enfants. La société est cruellement injuste. Le sentiment de l’injustice est la chose la mieux partagée dans ce pays. Macky Sall nous avait promis la gouvernance sobre et vertueuse. La deuxième alternance était placée sous le sceau de la transparence dans la gestion des deniers publics et de la lutte contre l’impunité. Aujourd’hui, il a installé la gouvernance scandaleuse et vicieuse.

La volonté de Macky Sall est la loi, vaut la loi et fait la loi. Hier, sa volonté était d’emprisonner Karim Wade, aujourd’hui, sa volonté est de l’élargir de prison. Mais que va-t-il faire des principes de l’Etat de Droit, des règles de bonne gouvernance, de la transparence dans la gestion des deniers publics, de la reddition des comptes et du désir de mettre fin à l’impunité ? Tous ces principes ont été enterrés sous le linceul des calculs politiciens et égoïstes, au grand dam du peuple qui s’était mobilisé le 23 juin 2011 dans les rues de la capitale.

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La volonté de Macky Sall de libérer Karim Wade de prison est une manifestation de la peur qui habite le régime actuel. Ce n’est pas un acte de magnanimité et de pardon en plein ramadan. C’est un acte de faiblesse, de peur et de culpabilité de l’actuel régime. Cela signifie que les hommes et femmes du régime actuel sont coupables des mêmes faits qui ont conduit Karim Wade à Reubeus. Les organes de contrôle de l’Etat ont fini d’éclabousser le régime actuel. Le dernier rapport de l’Ofnac est une preuve vivante que la corruption et la concussion n’ont pas quitté le Sénégal. Au contraire, elles se sont renforcées sous la deuxième alternance. L’Ofnac, après la publication de son rapport, n’a récolté que des insultes, des défiances et des railleries. La corruption a de beaux jours devant elle avec le régime actuel.

Aujourd’hui, tout une machination sophistiquée est orchestrée, organisée et mobilisée pour empêcher la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) de poursuivre son travail. Nous sommes en droit de nous demander où est passée la liste des vingt cinq dignitaires de l’ancien régime qui était sur la table du procureur spécial ? Le régime actuel travaille à enterrer la Crei. Pourquoi Macky Sall et son régime ont attendu aujourd’hui pour se rendre compte que la Crei doit être réformée ? De quoi ont-ils peur ? Parce que Macky Sall et les membres de son régime sont naturellement et logiquement les prochains sur la liste du procureur spécial. Sa famille est impliquée dans des scandales graves. Demain, elle rendra compte devant la Crei.

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Le combat entre les deux gangs politiques issus de la même famille libérale a été violent et sanglant. Macky Sall veut couper la poire en deux : laisser à chaque gang son butin. Aux Libéraux, ce qu’ils ont pris durant les douze années de règne d’Abdoulaye Wade, aux dignitaires de l’APR, ce qu’ils ont commencé à amasser depuis leur arrivée au pouvoir. Le peuple ne l’acceptera pas. La traque des biens mal acquis doit se poursuivre. Il n’y pas de compassion à avoir pour ceux qui ont détourné les deniers publics. Notre compassion va aux millions de Sénégalais sans eau potable, aux millions de Sénégalais qui vivent chaque année le traumatisme des inondations, aux millions des Sénégalais sans électricité, aux régions coupées du reste pays par l’absence de voies de communication. Karim Wade doit rembourser jusqu’au dernier centime. La Jeunesse pour la Démocratie et le Socialisme (JDS) est contre toute forme de grâce à ceux-là qui ont pillé les deniers publics. La JDS demande au président Macky Sall de respecter les millions de Sénégalais qui croupissent dans la misère sociale.

Nous avons désormais dans ce pays une justice à deux vitesses : une justice clémente avec les délinquants financiers qui ont mis ce pays à genou, et une justice sans clémence avec les pauvres citoyens qui croupissent en prison pour des fautes mineures, parce qu’il n’y a personne pour parler à leur nom. Si Macky Sall libère Karim Wade, il doit ouvrir les portes de toutes les prisons du pays.

La classe politique traditionnelle continue d’entretenir la corruption. Elle a peur. Parce qu’elle sent que son propre glas a sonné. C’est pourquoi, elle appelle à un dialogue national insensé et sans contenu, un Disso national, des compromis et compromissions, des retrouvailles pour mieux perpétrer son forfait. Pendant ce temps, le peuple a faim, l’école de la République fout le camp. Nous devons refuser la dictature que veut nous imposer la classe politique traditionnelle. Elle manque d’imagination pour sortir le pays du sous-développement, mais elle ne manque jamais d’imagination pour continuer de perpétrer son forfait.

Nous sommes devant une banqueroute politique. Le Benno Bok Yakar est devenu une douille vide. Il est fini, il n’attend que la prochaine élection pour disparaître, chaque parti emportant son gain dans sa permanence pour une redistribution des dividendes entre les militants. La JDS appelle pour une énième fois le Parti socialiste à accepter l’évidence. Il n’a plus rien à faire dans cette Coalition. Macky Sall a tourné le dos au peuple et aux idéaux du 23 juin. Il a déchiré les cahiers de doléances du peuple des Assises nationales. Le Parti socialiste a une occasion inespérée de sortir par la grande porte et de redorer son blason. Macky Sall est devenu un politicien sans envergure qui a laissé son âme et le peu de crédit qui lui restait dans la libération de Karim Wade. Le peuple finira par casser la gouvernance scandaleuse et vicieuse !

*Jeunesse pour la Démocratie et le Socialisme (JDS)

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