Installation imminente de l’hivernage: Grand-Yoff entre espoirs et appréhensions

A Grand-Yoff, les populations ne sont pas enthousiastes à l’idée de voir les premières pluies tomber. C’est la saison des pluies. Une phrase que les habitants de Grand-Yoff n’aiment pas du tout entendre. Avec l’approche de la pluie, les habitants de cette commune vivent un véritable cauchemar. En effet, hivernage est synonyme d’inondations pour eux. S’il ne tenait qu’aux habitants du quartier Grand-Yoff, l’hivernage s’arrêterait aux portes de Dakar. Tel est le souhait de Ndèye Fatou Sall, habitante de la cité Bastos 1. Lors des pluies de l’année dernière, la jeune dame raconte qu’elle a perdu presque tous les meubles de son salon en plus des matériels électroménagers. Une chose qu’elle n’aimerait, pour rien au monde, revivre.

En effet, si la pluie enchante les paysans, elle donne la migraine aux habitants de certains quartiers de Dakar. A l’image de Ndeye Fatou Sall, ces dernières années, les habitants de cette zone sont victimes d’inondations récurrentes qui occasionnent de nombreux dégâts matériels. Cité Bastos 1, il est midi passé. Sur un large espace sablonneux, quelques personnes regroupées par tranche d’âge, devisent tranquillement. Elles semblent indifférentes au vacarme de l’entourage où se mêlent les cris des élèves qui viennent de quitter les classes et le bruit des moteurs et autres coups de klaxon des voitures qui passent. Les jeunes assis un peu à l’écart sont adossés au mur d’une maison.

Un peu plus loin, en face des jeunes, quelques personnes âgées sont assises sous un arbre. Tous ces gens, qui discutent tranquillement, donnent au quartier une image paisible, comme si tout allait pour le mieux. Mais en réalité, c’est loin d’être le cas : «On ne dort plus la nuit, les gens pensent au Ramadan, mais nous, c’est l’hivernage qui nous préoccupe», lance Bineta Guèye, une habitante. Elle revient sur le film de l’année passée : «A l’heure où les gens coupaient le jeun, nous, on évacuait l’eau de nos maisons, c’était difficile».

Cheikh Moustapha Faye raconte : «L’année dernière, dans ma chambre, l’eau m’arrivait jusqu’aux genoux». Il poursuit : «nous avons eu des dégâts matériels inestimables». Plus on avance dans le quartier, plus on remarque de petites constructions en bas des portes d’entrer des maisons. En effet, c’est la première chose qui capte l’attention à la cité Bastos.

La présence de ces petits remparts faits de briques qui se trouvent devant l’entrée de chaque maison. Aliou Samb renseigne que c’est pour empêcher l’eau d’envahir les demeures. Mais, «cela ne suffit pas, nous sommes tout le temps inondés», avoue-t-il. Aujourd’hui, pour couper définitivement ce cycle infernal et espérer vivre dans la quiétude, les habitants ont décidé d’installer eux-mêmes des tuyaux d’évacuation.

Depuis, ils croisent les doigts en espérant que ces nouvelles installations pourront évacuer toute l’eau qui les assaille, chaque année. Mor Diagne se veut optimiste : «Cette année avec ces tuyaux, je ne pense pas qu’on ait des inondations conséquentes». Un état d’esprit que ne partage pas Aliou Samb.

Selon lui, les tuyaux installés n’ont pas la capacité d’évacuer les eaux des pluies à une certaine quantité. Mais, «on espère que ça ira», lance-t-il. Le problème principal est lié au canal d’évacuation d’eau qui passe tout près des maisons, fait remarquer Samb. Pour lui, ce canal doit être récuré et remis en état : «Cela fait des années que le canal n’a pas été récuré, il y a toutes sortes de déchets qui obstruent l’écoulement de l’eau». Maka Darou se réfugie derrière sa station d’évacuation Autre endroit, même problème.

Nous sommes toujours à Grand-Yoff, plus précisément à Maka Darou, à l’endroit où se trouve le canal d’évacuation d’eau. Ici l’espoir semble être le sentiment le mieux partagé. Cet espoir est porté par la station d’évacuation qui est entièrement remise à neuf. El Hadj Sow, habitant des lieux, ne se fait pas de souci pour cette saison : «La station a été remise à neuf, je suis sûr que les inondations ne seront plus qu’un mauvais souvenir».

Comme à la cité Bastos, les maisons dans ce secteur ont toutes à l’entrée, un petit rempart sensé empêcher l’eau de rentrer dans les maisons. Des techniques qui, la plupart du temps, ne s’avèrent pas payantes. Bassirou Sarr raconte : «Pour vaquer à nos occupations, nous sommes obligés de tremper dans l’eau.

Ce, avec toutes les conséquences néfastes que cela peut entraîner». Même si, la station d’évacuation d’eau a été réparée, ce qui aux yeux de beaucoup d’habitants de Grand-Yoff est synonyme de «fin des inondations», Adama Camara, lui, n’est pas convaincu. Il affirme : «J’attends de voir les résultats quand les premières fortes pluies vont tomber pour être édifié». «Pour l’heure, je ne dors plus», avoue-t-il.
Walf

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