France : Prolongation des rétentions administratives pour migrants en situation irrégulière
Dans une interview accordée au Figaro magazine, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a exprimé son souhait de prolonger la durée de la rétention administrative des migrants en situation irrégulière jusqu’à 210 jours. Il a précisé que cette mesure s’appliquerait particulièrement aux « crimes les plus graves », en poussant « jusqu’à 180 jours, voire 210 jours » pour des cas similaires à ceux liés au terrorisme.
Le ministre a rappelé que la loi française autorisait déjà un délai de rétention de 210 jours pour les actes terroristes. Il a souligné la nécessité de voter une nouvelle loi pour permettre cette prolongation, soulignant que « chacun prendra ses responsabilités devant le peuple ». Cette annonce fait suite au discours de politique générale du Premier ministre Michel Barnier, qui s’est engagé à faciliter cette prolongation exceptionnelle.
Depuis 1993, la durée initiale de rétention en centre de rétention administrative était de 10 jours, portée à 90 jours par la loi Collomb de 2018. Bruno Retailleau a insisté pour que les préfets fassent systématiquement appel de la libération d’un centre de rétention, même si cet appel n’est pas suspensif.
Concernant la politique des visas, Retailleau souhaite la conditionner à la délivrance de « laissez-passer consulaires », des documents essentiels pour le rapatriement des migrants. Il a révélé qu’en 2023, la France avait émis 238 750 visas pour le Maroc mais n’avait obtenu que 725 « laissez-passer » en retour.
Bruno Retailleau a également critiqué le rôle des associations dans les centres de rétention, considérant qu’elles « sont juge et partie ». Il propose que ces compétences soient transférées à l’Office français de l’immigration et de l’intégration. En parallèle, il a dénoncé « un islam politique très intrusif », affirmant vouloir passer de la lutte contre le séparatisme à une lutte plus large contre l’islam politique.
Enfin, le ministre envisage de créer une nouvelle incrimination pénale pour faciliter les dissolutions d’organisations au-delà des actions de son prédécesseur, tout en promettant la publication d’un rapport de la DGSI sur ces questions.