« Encore une hécatombe sur la route : et si ces tragédies pouvaient être évitées ? »

« Encore une hécatombe sur la route : et si ces tragédies pouvaient être évitées ? »

La mort est une fatalité, mais n’oublions pas que la main de celle-ci est la liberté. Certains de nos choix aident le destin ou le hâtent. Tous ces accidents ne peuvent pas être le fruit du hasard (qui, de toute façon n’existe pas). Deux facteurs y concourent : ce sont l’irresponsabilité et les causes mécaniques.

D’abord l’importation de véhicules est une anarchie, une nébuleuse, une véritable caverne d’Ali Baba. Le populiste Macky Sall a décidé (sans aucune raison valable) au lendemain de son élection (pour dit-il honorer une promesse électorale) de diminuer l’âge requis de voiture importable de dix à cinq ans. Or rien que la fraude devrait suffire à l’en dissuader : il sait que les Sénégalais sont d’habiles fraudeurs en matière de papiers de voiture. Les problèmes techniques que l’on masque par des fraudes au niveau des agences de service des mines sont connus de tous : certaines voitures ne circuleraient même pas dans l’antre du diable. C’est quoi un pays où il y a plus de voitures que d’habitants ? Le nombre de voitures (de luxe comme les cercueils à quatre roues) qui circulent est complètement en contraste avec le niveau de vie des Sénégalais.

Ensuite la cupidité financière qui nous caractérise tous (transporteurs, chauffeurs voyageurs) est incompatible avec le respect des normes de conduite et de transport. Si ceux qui doivent contrôler la situation préfèrent contrôler le contenu de la poche de ceux qu’ils sont censés contrôler, c’est plutôt l’anarchie qui nous contrôle tous. Ce qui se passe sur les routes est l’exact pendant de ce qui se passe dans nos maisons, dans nos lieux de travail, dans nos mosquées même. Nous sommes des « assassins » en puissance parce que nous n’avons qu’une médiocre idée de ce qu’est la sacralité de la vie humaine et de l’intégrité du corps d’autrui.

Nous savons tous le coupable de tous ces massacres programmés appelés accidents mortels, c’est désormais un personnage dans cette immense scène de comédie quotidienne que nous jouons tous et qui s’appelle Sénégal. Ce personnage est devenu citoyen du Sénégal, il est même le Premier citoyen, notre chef suprême, le premier employeur, la première banque, la principale source d’enrichissement : c’est Madame Corruption ! Si tous les efforts que nous faisons pour nous développer ou pour combattre la corruption sont vains, c’est parce qu’elle est en nous ; elle nous nourrit, nous éduque et nous gouverne.

Que Firdawsi soit la demeure des disparus

* Par Alassane K. KITANE

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