De la nécessité d’une opposition !

De la nécessité d’une opposition !

Je ne sais pas comment les politiciens interprètent et profitent des erreurs et des acquis de leurs devanciers ou même, s’ils le font ? Le PR Macky Sall devrait prendre de la graine de son prédécesseur le Président Abdoulaye Wade et avoir une lecture lucide et conséquente de son échec principal, la perte du pouvoir en 2012.
Le Président Abdoulaye Wade n’a laissé aucun secteur de la vie des Sénégalais vierge de politique en 12 ans de pouvoir. Il a sorti la politique des sentiers battus pour la faire entrer dans tous les actes, faits et actions de son régime. Des taxis qu’on distribuait au Palais de la République, au Bus de Dakar Dem Dikk qui ont défilé le jour de la fête de l’Indépendance en passant par l’achat des consciences de ceux que l’on peut considérer comme des grands électeurs, il avait ratissé de long en large, pour perdre finalement de façon lamentable.
Ce ne sont pas les divers tripatouillages de la Constitution, le « Maa Tey » arrogant ou la personnalisation extrême du pouvoir qui l’ont perdu. Ce qui l’a perdu, c’est de ne pas avoir eu une Opposition pendant son magistère. Il avait oublié le « Vieux », les bienfaits d’une opposition pour un Président de République, alors que lui, l’avait vécu dans sa chair et aussi, avait occupé le poste virtuel de chef d’opposition, donc, connaissant ses avantages, ses inconvénients et surtout, le rôle d’une opposition.
Le Président Abdou Diouf disait dans un entretien avec Phillipe Sainteny, Emission Livre d’Or, RFI 2005 « Quand on était dans une crise grave (….) je donne l’exemple de l’ajustement. La Banque Mondiale me disait ‘’ les prix du riz et du sucre sont trop bas, vous subventionnez, ce n’est pas normal, il faut faire la vérité des prix’’. J’étais obligé de le faire, sinon je n’avais pas les crédits dont j’avais besoin pour faire fonctionner mon Etat, financer mes projets. A ce moment – là, d’une façon très subtile, confidentielle, très secrète, je parlais avec mon principal opposant. Dans un jeu de rôle, il venait, me disait qu’il comprenait ma position, qu’il ne ferait rien pour mettre de l’huile sur le feu, mais qu’il ne pouvait sortir dans la rue pour dire qu’il était d’accord avec moi, mais que je pouvais compter sur lui pour que la rue ne bouge pas. Et là, il y avait un consensus fort et on avançait et on sortait de la crise ». Le Président Abdou Diouf savait donc, à quoi, servait ou pouvait servir une opposition. Il savait que le premier pare – feu d’un Président de la République, c’est son opposition.
C’est l’opposition qui représente le peuple, en portant ses revendications en cas de crises, c’est déjà un rôle pas négligeable de porte-voix et accessoirement de faire-valoir. Cela peut se traduire par de manifestations de densités variables, mais, qui généralement, n’ébranlent pas les fondements d’un Pouvoir.
L’erreur du Président Wade, a été de museler son opposition, de la réduire à une entité errante, en les désignant comme des incapables, inaptes à l’égaler dans quelque domaine que ce soit. Une espèce de ‘’Niakk faïdayisation’’ de ses adversaires politiques qui avait semblé tenir jusqu’au 23 Juin 2011, où, il a fait face au Peuple. Directement. Ce fut le début de la fin pour lui. Une opposition forte lui aurait évité ce face- à – face fatal.
Le Président Macky Sall est en train de faire la même chose. En émiettant l’opposition, il prépare inconsciemment son affrontement direct avec le Peuple. Aucun dirigeant, n’est jamais sorti vainqueur de cette confrontation.
Et pourtant, lui, devrait être en mesure de le comprendre mieux que quiconque. La moitié des 65 % qui l’ont porté au pouvoir, ne parle même pas politique à leurs heures perdues. Ce sont des jeunes entre 18 et 30 ans qui observent et tirent leurs conséquences. Mais, ils s’expriment. Et les termes qu’ils utilisent valent tous les sondages, ils indiquent les tendances lourdes. Du temps du Président Wade, du temps de sa splendeur, c’était ‘’ Bayi lenn Gorgui mou liggey’’. Ils lui ont fait confiance deux fois. Quand, ils en ont eu vraiment Marre de lui, ils disaient ‘’ Pa bi kaay , mooy lolou’’ pour ne pas dire ce qu’ils pensaient de ce grand – père qui les avait déçus.
Aujourd hui, après ‘’Deuk bi da fa Macky’’, c’est ‘’ Dou Demm’’. Dans ces mots, se trouvent les messages codés qu’ils vous envoient. Ce sont ces jeunes – là qui élisent, pas les partis politiques. Tout le monde sait que les partis politiques ne sont plus des outils absolus de conquête du Pouvoir. Les militants sont rares, les partisans sont plus nombreux, et ils sont peu. Dans une confrontation électorale, ils ne peuvent faire la décision. C’est là, où, réside la force de l’électorat Sénégalais, et ils en sont conscients.
Attention Monsieur le Président de la République, mettez une opposition forte entre cette population – là et votre pouvoir. Les fantassins de la politique que vous recrutez ne vous serviront à rien aux moments cruciaux, la plupart sont des réfugiés politiques, donc des ‘’Apartirides’’, ils décamperont au premier blitz.
Votre intérêt est de travailler avec tous les Sénégalais, de quel bord que ce soit.

1 COMMENTAIRES
  • Selbe ndom

    Cet article est de 2016

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