Condamnation d’une vendeuse de cosmétiques pour exercice illégal : une réflexion sur la condition féminine

Une revendeuse de produits cosmétiques exerçant en ligne ainsi qu’au marché de Pikine a été lourdement condamnée le 7 février dernier. La peine : deux ans de prison dont six mois ferme, pour « mise en danger de la vie d’autrui, exercice illégal de la profession de pharmacien et administration de substances nuisibles à la santé publique ». Elle commercialisait des suppositoires sous forme de boulettes promettant à ses consommatrices potentiellement de se transformer en figures de Vénus, aux formes généreusement galbées.
Loin d’être risible, ce phénomène s’intègre dans une quête effrénée de conformité aux standards locaux de beauté, souvent au détriment de la santé. En effet, ces méthodes pour atteindre un idéal physique incluent des risques sérieux : problèmes cardiovasculaires, insuffisance hépatique, obésité, diabète et hypertension. Tout cela pour se plier aux exigences de beauté dictées par la perception masculine, une dynamique de séduction dangereuse dictée par le marché de l’offre et la demande. Comme relayé par nos confrères de Sud Quotidien, cette contrainte sociale est une forme de violence qui étouffe les femmes sous le poids des attentes masculines. Un exemple est l’assertion de Kocc Barma, « Dieguene sopal waye buul woolou », qui illustre la soumission attendue des femmes.
Le Sénégal, comme d’autres régions du monde, n’échappe pas à ce rapport de domination. Récemment en France, la justice a traité un cas criant où Gisèle Pellicot fut soumise à une violence extrême orchestrée par son mari Dominique Pellicot. Ce dernier administrait des substances sédatives pour ensuite permettre des viols répétés par des inconnus pendant dix années. Devant cette horreur, Gisèle, soutenue par sa famille, a manifesté une dignité exemplaire, s’érigeant en symbole de résistance, comme le confirment divers médias internationaux.
À la veille de la journée du 8 mars, il est impératif de songer à la réalité des femmes et hommes, l’égalité des droits étant encore à conquérir malgré des avancées notables dans la lutte contre les inégalités au Sénégal. Une circulaire récente concédant des horaires aménagés aux femmes durant le mois de Ramadan révèle une perception domestique de la femme qui dénote une régression subtile de la condition féminine. Un article de Sud Quotidien incite ainsi à une vigilance accrue vis-à-vis de ces mesures soi-disant innocentes mais potentiellement discriminatoires, affectant l’équité des droits.