Bangladesh : la démission forcée de Sheikh Hasina… l’armée prend le contrôle

Le Bangladesh traverse une crise politique majeure depuis le début des manifestations en juillet, initiées par des étudiants protestant contre les règles d’embauche dans l’administration. Ces protestations, violemment réprimées, ont conduit au renversement de la Première ministre Sheikh Hasina le 5 août.

Chef du gouvernement depuis 15 ans, Sheikh Hasina a quitté Dacca par hélicoptère juste avant que son palais soit pris d’assaut par les manifestants. Le chef de l’armée a annoncé sa démission et déclaré qu’il formerait un gouvernement intérimaire.

Jean-Luc Racine, directeur de recherche émérite au CNRS, explique les causes de cette crise. Il indique que cela concerne les réservations d’emplois publics, un principe commun à plusieurs pays d’Asie du Sud. Au Bangladesh, environ 30 % des postes dans le secteur public sont réservés aux descendants des combattants pour l’indépendance. Face à de telles réservations, les jeunes, dans un pays de près de 175 millions d’habitants, ont manifesté pour demander l’abolition de ce quota. La Cour suprême s’est opposée à ce quota, mais les manifestations ont fait près de 300 morts en quelques jours, menant à une crise majeure.

Sheikh Hasina, fille du premier président du Bangladesh, a été contrainte de fuir, abandonnée par l’armée. La répression, principalement menée par la police et des paramilitaires, ainsi que des déclarations du chef d’état-major en faveur du peuple, ont précipité son départ.

Des spéculations existent sur la formation d’un gouvernement intérimaire présidé par un écrivain et un universitaire, avec des militaires et anciens juges à ses côtés. Cependant, les étudiants demandent des consultations avec eux et les citoyens pour toute transition. L’avenir reste incertain quant à la direction que prendra le pays.

Quant aux conséquences régionales, Jean-Luc Racine minimise l’impact décisif sur la stabilité, notant que Sheikh Hasina se réfugie en Inde avant peut-être de partir pour Londres. Le contrôle de la situation semble assuré quel que soit le régime de transition, et la question demeure de savoir s’il s’agira d’un régime militaire temporaire ou d’un réel gouvernement intérimaire en route pour de nouvelles élections.