L’arrestation de Sanna Manjang, identifié comme l’un des membres les plus redoutés des « Junglers », l’escadron paramilitaire clandestin du régime de Yahya Jammeh, a fait resurgir en Gambie le souvenir de nombreuses exactions. Son nom a été mentionné à de multiples reprises lors des audiences de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC), le liant à plusieurs épisodes sombres de cette période.
Selon les informations rapportées par Emedia, les témoignages devant la TRRC ont imputé à Sanna Manjang et à son groupe une longue liste de disparitions forcées et d’exécutions extrajudiciaires. Parmi les victimes citées figurent Dawda Nyassi, décédé lors d’une opération, et Ndongo Mboob, qui n’a plus été revu après son arrestation. Le sort de Haruna Jammeh, cousin de l’ancien président, et de Momodou Lamin « Jasaja » Kujabie, qui auraient été exécutés, a également été évoqué.
Les investigations de la commission ont aussi porté sur des crimes de masse, notamment le massacre de migrants ouest-africains en 2005. Des dizaines de ressortissants ghanéens, nigérians et sierra-léonais auraient péri dans cet événement. L’assassinat du journaliste Deyda Hydara en 2004 est un autre cas emblématique associé aux activités des Junglers.
La liste des victimes présumées s’allonge avec les noms de Daba Marenah, un agent du renseignement, et de ses compagnons Alpha Bah, Ebou Lowe, Alieu Ceesay, Manlafi Corr, Masi Jammeh, ainsi qu’une victime identifiée comme Julia. Saul Ndow et Mahawa Cham auraient également été enlevés puis exécutés. Les citoyens américano-gambiens Mamut Ceesay et Ebou Jobe, disparus après leur enlèvement, et Baba Jobe, un ancien cadre du parti APRC décédé en détention, font aussi partie des cas examinés.
Pour de nombreuses familles, cette arrestation ravive l’espoir d’obtenir des réponses et de voir la justice se mettre en marche après des années d’attente. L’interpellation de Sanna Manjang est perçue comme une potentielle avancée vers la manifestation de la vérité sur ces crimes restés longtemps impunis.
