Arrestation controversée d’un cadre de l’opposition guinéenne à Conakry
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En Guinée, l’opposition s’inquiète après l’arrestation de l’un de ses cadres, Abdoul Sacko, survenue mercredi matin à son domicile situé en banlieue de Conakry. Selon des informations rapportées par des proches de sa famille et son avocat, M. Sacko a été interpellé par des hommes « masqués », alimentant ainsi les critiques envers le régime en place. Ce dernier est un des leaders des Forces vives de Guinée, une coalition majeure regroupant des partis, syndicats et ONG réclamant la transition vers un pouvoir civil dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Une source proche de l’opposant, ayant requis l’anonymat, explique que « trois véhicules » sont arrivés sans personnel en uniforme, mais avec des occupants dissimulant leurs visages. Les individus se sont initialement trompés de domicile, s’introduisant de force chez des voisins avant de les ligoter pour obtenir l’adresse de M. Sacko, qu’ils avaient en photo. Une fois arrivé chez l’opposant, ils l’ont emmené avec ses équipements téléphoniques, en évitant toute interaction avec d’autres personnes présentes sur place.
Son avocat, Me Almamy Samory Traoré, écarte tout acte de banditisme et détaille la méthode des assaillants qui, ne pouvant accéder par la porte, ont perforé le plafond pour interpeller M. Sacko. L’avocat souligne les menaces répétées qui pesaient sur son client, précisant que l’affaire a été portée à l’attention du procureur de Dixinn et indique l’intention de visiter divers services de sécurité pour obtenir sa localisation.
Biro Barry, membre du Forum des forces sociales et collaborateur de M. Sacko, dénonce cet « enlèvement » et exige sa « libération inconditionnelle », appelant les autorités à respecter les procédures légales si des reproches sont faits à l’opposant. Une réaction partagée par Alseny Sall de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDH), qui exprime son indignation face à cette situation « sans surprise », étant donné la répression perçue sur la liberté d’expression en Guinée.
Le régime dirigé par le général Mamadi Doumbouya depuis un coup d’État en 2021 fait face à des critiques persistantes pour des pratiques perçues comme autoritaires. De précédents incidents, incluant des disparitions d’autres figures de l’opposition, appuient l’inquiétude actuelle. Selon nos confrères de Sud Quotidien, des personnalités telles qu’Oumar Sylla, dit Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah sont introuvables depuis juillet 2024, tandis qu’Aliou Bah a été condamné à deux ans de prison ferme le mois dernier pour « diffamation » à l’encontre du général Doumbouya.
Il convient de noter que notre rapport fait également écho à des restrictions sur les manifestations et la fermeture de plusieurs médias dans le pays, illustrant la tension politique actuelle en Guinée, selon un article lu sur le site de nos confrères de Sud Quotidien.