Affaire Abaya : Un père de famille en garde à vue
Un père de famille est en garde à vue vendredi à Clermont-Ferrand après avoir proféré des menaces de mort à l’encontre d’un proviseur qui a refusé l’accès au lycée à sa fille portant une abaya.
L’homme est poursuivi pour « menace en vue d’intimidation d’une personne chargée d’une mission de service public », a précisé à l’AFP la procureure de la République de Clermont-Ferrand, Dominique Puechmaille, confirmant une information du quotidien régional La Montagne.
Le père de famille devrait faire l’objet d’une « convocation directe avec contrôle judiciaire », a ajouté la magistrate, précisant qu’une plainte avait été déposée.
La garde à vue entamée jeudi était toujours en cours vendredi dans la matinée, selon une source policière.
Jeudi matin, les responsables du lycée Ambroise-Brugière filtraient l’entrée en application des directives nationales concernant l’interdiction de l’abaya. Une lycéenne qui portait le vêtement a été invitée à l’enlever et s’est vu interdire l’accès à l’établissement après son refus, selon la même source.
Un peu plus tard, son père a téléphoné au lycée et a eu tour à tour un agent puis un conseiller principal d’éducation. À chacun d’eux, il aurait proféré des menaces de mort qui visaient le proviseur.
« Ce sont des menaces qui sont extrêmement choquantes. J’ai eu hier le proviseur au téléphone. Je l’ai évidemment assuré de tout mon soutien, de celui du gouvernement, de l’Etat et plus globalement je crois de nos concitoyens face à ces menaces qui sont inadmissibles et inqualifiables », a déclaré le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal, lors de l’inauguration du lycée Arnaud Beltrame de Meyzieu (Rhône).
Il a indiqué que le proviseur visé bénéficierait d’un « accompagnement constant en matière de sécurité: la police nationale sera à ses côtés » et d’un accompagnement juridique.
– Menaces de décapitation –
« Les équipes du lycée qui ont appliqué la loi en refusant l’entrée d’une élève en abaya ont reçu des menaces de mort et de décapitation (…) Que nous ayons ainsi des équipes de l’Education nationale qui doivent faire face à des menaces, surtout après ce que nous avons subi, qui vont jusque-là, est évidemment un point qui montre à quel point notre détermination et notre fermeté doivent être sans faille », a réagi à ses côtés le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez.
Il a précisé avoir déployé dans ce lycée des équipes régionales de sécurité constituées « afin d’assurer la sécurité de l’établissement, des agents, des lycéens ».
Le 27 août, Gabriel Attal avait annoncé l’interdiction du port de l’abaya dans les écoles, collèges et lycées publics.
Jeudi, le Conseil d’Etat a validé l’interdiction de cette longue robe couvrante, porteuse selon lui d’une « logique d’affirmation religieuse » prohibée dans les établissements scolaires.
Saisi en urgence, le juge a rejeté le recours de l’association Action droits des musulmans (ADM), qui demandait la suspension de cette interdiction au nom d’un risque de discrimination et d’atteinte aux droits.
Lundi, quelque 300 élèves, sur les 12 millions ayant fait leur rentrée cette semaine, se sont présentées en abaya devant leur établissement, et 67 d’entre elles ont refusé de la retirer, selon le ministre de l’Education.
AFP