11 mai 1981/11 mai 2015: Le monde se souvient…

11 mai 1981/11 mai 2015. En cette date anniversaire de la disparition de Bob Marley, le monde se souvient d’un homme multidimensionnel dont la vie et le parcours ont marqué des générations et continuent de faire un effet inexplicable sur les jeunes et les adultes. Senego vous offre la biographie complète du Pape du rasta pour célébrer ce 11 mai …

Superstar du Reggae et prophète rasta, Bob Marley reste une des principales icônes du monde contemporain. Disparu prématurément en 1981, il a transformé un style issu de la musique populaire jamaïcaine en un mouvement majeur. Phénomène plutôt rare, Bob Marley est à la fois adulé du grand public, qui découvrit le reggae avec lui, et des connaisseurs les plus exigeants. Retour sur la vie et l’œuvre du Duppy conqueror.

Robert Nesta Marley naît le 6 février 1945 à St-Ann, dans la paroisse de Nine Miles. Fils d’un capitaine blanc de la marine parti une fois son forfait commis et d’une paysanne jamaïcaine noire, il découvre la difficulté d’être métisse, pris entre deux mondes qui s’ignorent. Adolescent, il quitte la campagne pour Kingston, comme beaucoup de jamaïcains que la misère poussent vers les villes. Pourtant, le travail y est rare et Bob vit à Trenchtown, sordide ghetto où se concentrent la pauvreté, le crime et la crasse, dans une promiscuité bien peu poétique au premier abord. Là, il rencontre Bunny Livingston, puis Peter Mackintosh, comme lui passionnés de musique. Peter joue un peu de guitare et les trois amis chantent les tubes de Rythm’n’Blues entendus sur les radios de Miami.

Bob Marley enregistra son premier morceau, Judge not, à 16 ans, en 1961. Une industrie musicale commençait à se développer à Kingston, de façon désordonnée. Le taux de chômage était alors de 35 %. Il venait de laisser tomber son job de soudeur. Judge Not passe inaperçu mais Bob persiste. En 1964, il forme les Wailing Wailers.
avec Peter Tosh et Bunny Wailer. Bientôt, ils signent un contrat avec le Studio One, le label de Clement « Coxsone » Dodd. Leur premier titre, Simmer Down, sera le tube de 1961 en Jamaïque. Devenus les Wailers, ils travaillent avec Leslie Kong, puis avec Lee « Scratch » Perry. A chaque fois la collaboration est fructueuse sur le plan artistique mais décevante sur le plan financier. En Jamaïque, les droits d’auteurs ne signifient pas grand chose, et même les chanteurs à succès ne parviennent pas, alors, à vivre de leur production. Les Wailers ne perçoivent que très peu d’argent tout en étant d’énormes vedettes locales. Cheveux courts, costumes chics, les Wailers jouent du ska et du Rock Steady. La compétition, alors, est rude. Pour beaucoup de jeunes du ghetto, la musique constitue un espoir de sortir de la misère. En 1971, la chanson Trenchtown Rock cartonne dans toute l’île.

A la fin des années 70, Bob apprend qu’il est malade. Atteint d’un cancer, il sait qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre. Il décide de poursuivre son œuvre, soucieux d’exploiter au mieux le laps de temps dont il dispose, pour aider ceux qu’il a toujours défendus.

En 78, la délégation sénégalaise aux Nations-Unies attribua à Bob Marley la médaille de la paix dans le tiers-monde (Third World peace medal) en remerciement de son influence en tant qu’artiste au service de la révolution. Pour le Zimbabwe, Marley organisa un concert au Boston’ Harvard Stadium afin de récolter des fonds pour la nouvelle Nation.

Lorsqu’il rentre d’Harare, où les Wailers viennent de donner un concert en l’honneur de l’indépendance du Zimbabwe, le 18 avril 1980, Bob sait qu’il est en phase terminale. Il travaille comme un lion pour mettre au point le journal de Tuff Gong, son studio d’enregistrement. Il le baptisa Survival et, malgré l’approche mystique et les passages consignant « les enseignements de Sa Majesté », le journal de Marley faisait l’effort de toucher les jeunes. Bob Marley termina sa vie en prenant soin d’aider durablement les causes pour lesquelles il avait lutté. Il céda les droits d’auteur de certaines chansons à une Fondation dont l’objectif était d’aider les enfants du ghetto à s’alimenter correctement (the Hunger project). Il laissa aussi un Testament en faveur de la cause africaine :

« I and I made our contribution to the freedom of Zimbabwe. When we say Natty going to dub it up in a Zimbabwe, that’s exactly what we mean,  » give the people what they want  » Now they got what they want do they want more ?  » Yes « , the Freedom of South Africa. So Africa unite, unite, unite. You’re so right and let’s do it. »

En septembre 80, Bob Marley donne son dernier grand concert au Madison Square Garden de New-York, devant 20 000 personnes. Le jour suivant, il est pris d’un malaise alors qu’il court un jogging dans Central Park. Quelques jours après, il a un nouveau malaise, cette fois lors d’un concert, à Pittsburgh, au cours de ce qui devait s’avérer être son dernier show. Bob lutta plusieurs mois contre la maladie, un cancer du cerveau, dans la clinique du Dr. Joseph Issel, en RFA. Il mourut le 11 mai 1981 à Miami, au cours d’une escale alors qu’il rejoignait la Jamaïque pour y vivre ses derniers instants. Il avait 36 ans. Il fut enterré dans un caveau à St. Ann, près de la maison familiale, par sa femme, Rita, qui l’embauma comme les Égyptiens et les Africains le faisaient pour leurs rois.

Sa mort fut ponctuée de célébrations divers. Le mercredi 20 mai fut un jour de deuil national. Une cérémonie officielle eut lieu au Stade national, en présence de Sir Florizel Glasspole, le gouverneur général, de Michael Manley, le leader de l’opposition, et d’Edward Seaga, le premier ministre. Ce dernier annonça l’érection d’une statue en l’honneur de Bob Marley, la première du genre, dans le Jamaica Park. Il conclut en disant « May his soul find contentment in the achievment of his life and rejoice in the embrace of Jah Rastafari ». A ce moment, les milliers de Rastas venus rendre un dernier hommage à leur prophète acclamèrent Jah en reprenant en chœur « Rastafari ! Rastafari ! ». Dans la mort, la société officielle reconnaissait finalement Marley et son Dieu.

Agacés par cette forme de récupération, les Wailers poussèrent les barrières de police, prirent le cercueil dans lequel reposait Bob Marley et l’embarquèrent sur une camionnette. Ils partirent, suivis par un cortège incroyable, fait de bus, de voitures, de motos, de vélos et de gens courant derrière cette procession motorisée qui s’enfonçait dans le cœur de la Jamaïque, en direction des montagnes natales de Bob. Edward Seaga, décidé à ne pas se laisser écarter de l’événement, se fit transporter par hélicoptère jusqu’au temple qui devait accueillir la dépouille. Ce faisant, il arriva avant tout le monde, évitant le trajet sous le soleil, au milieu de la foule. La cérémonie eut lieu dans le plus grand désordre, une foule de plus de 10 000 personnes priant et chantant pour le départ du Dieu du reggae, tandis que les forces de police, à cheval, faisaient mine de vouloir ramener un ordre que personne n’entendait troubler.

1 COMMENTAIRE
  • nas

    la legende mort mais vivant dans nos ame

Publiez un commentaire