Près de 8 900 emplois ont été créés grâce à la réhabilitation de la route nationale RN4 reliant Sénoba à Ziguinchor. L’annonce a été faite mardi à Ziguinchor, lors d’une réunion de suivi du projet. Ce chantier, d’un coût estimé à 115 milliards de francs CFA, devrait être achevé d’ici fin 2026.
L’adjoint au gouverneur chargé du développement régional, Alsény Bangoura, a détaillé la répartition de ces emplois : 1 660 emplois directs et 7 217 emplois indirects ou induits. Ces derniers résultent principalement de l’activité économique locale générée par les travaux et les dépenses des ouvriers. L’Agence des travaux et de gestion des routes (AGEROUTE) pilote le projet, en collaboration avec le bureau régional de l’Organisation internationale du travail (OIT) à Dakar. Ce chantier s’inscrit dans un programme plus large visant à désenclaver le sud du Sénégal, à dynamiser le commerce sous-régional et à réduire les pertes agricoles.
Frédéric Bando, chargé des travaux publics à l’OIT, a souligné l’importance du secteur des infrastructures pour la création d’emplois, tant en phase préparatoire que durant l’exécution des projets. Il a également insisté sur les effets multiplicateurs de ces chantiers, qui stimulent la demande dans d’autres secteurs grâce à la consommation des travailleurs et aux activités connexes. Malgré ces résultats positifs, des défis persistent. Une étude d’impact, financée par le programme STRENGTHEN2 (Union européenne – OIT), révèle que 30,8 % des travailleurs n’ont pas de contrat formel et que la protection sociale est limitée. Le temps de travail hebdomadaire moyen atteint 65 heures, pour des salaires mensuels compris entre 100 000 et 200 000 FCFA. La participation des femmes est faible (8,8 %), et elles occupent majoritairement des postes peu qualifiés. Les jeunes (15-24 ans) représentent 20,7 % des effectifs, un chiffre inférieur à la moyenne nationale (25,8 %), et seulement 10,9 % d’entre eux ont reçu une formation formelle. Le dialogue social est également embryonnaire, avec seulement 8,7 % des travailleurs conscients de l’existence d’une structure de défense de leurs droits sur les chantiers. Des recommandations ont été formulées pour améliorer la situation, notamment le renforcement du cadre légal du travail, l’intégration de volets de formation dans les projets d’infrastructure, la mise en place de mécanismes de protection sociale et l’institutionnalisation des évaluations d’impact sur l’emploi dans les marchés publics. « Les infrastructures doivent être pensées non seulement comme des outils de croissance, mais aussi comme des leviers pour un emploi décent et durable », a rappelé Frédéric Bando. « Emedia »