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Conseil interministériel sur le groupe SN La Poste : le Premier ministre annonce des solutions pour une sortie de crise

Un conseil interministériel s’est tenu ce lundi à la Primature, consacré à la situation du groupe SN La Poste. La rencontre a réuni le ministre des Finances et du Budget, le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, ainsi que des directeurs généraux . À cette occasion, le Premier ministre Ousmane Sonko a exhorté les autorités compétentes à formuler des recommandations concrètes en vue d’une sortie de crise durable pour l’entreprise postale nationale.

Les grandes ligne de la rencontre

A. DIAGNOSTIC

Depuis plus d’une décennie, le Groupe La Poste traverse une crise systémique qui menace son rôle d’opérateur public de référence dans les services postaux, financiers et logistiques. Héritière de l’Office des Postes et Télécommunications, la Société nationale La Poste, avec ses filiales Postefinances et EMS Sénégal, a progressivement perdu de sa vitalité, sous l’effet conjugué d’une gouvernance défaillante, d’une concurrence accrue insuffisamment régulée, d’une modernisation insuffisante et d’un déséquilibre financier devenu chronique. Cette situation compromet aujourd’hui non seulement sa mission d’inclusion et de cohésion nationale, mais également sa pérennité.

L’analyse de la période 2012-2025 révèle une dégradation continue des fondamentaux. Les effectifs, passés de 2 600 agents en 2012 à plus de 4 100 neuf ans plus tard, ont augmenté de près de 60 % sans stratégie de productivité, ni soutenabilité budgétaire, entraînant une hausse de plus de 40 % de la masse salariale alors même que le chiffre d’affaires reculait de 26 %.

Cette inflation des charges, combinée à une baisse de l’activité et à un environnement de régulation lacunaire, a creusé un déficit structurel qui s’est aggravé au fil des années. A la fin de l’année 2024, les pertes cumulées dépassaient 100 milliards de FCFA, les capitaux propres étaient négatifs de 156 milliards, et l’endettement atteignait des niveaux critiques, incluant dettes fiscales, sociales, bancaires et fournisseurs. Plus préoccupant encore, les dépôts des comptes clients des Comptes Chèques Postaux et de la Caisse Nationale d’Épargne présentent un déficit de plus de 9 milliards, fragilisant la confiance des clients.

À ces difficultés financières, s’ajoutent de profondes défaillances de gouvernancePendant plus de quinze (15) ans, aucun contrôle externe n’a été exercé sur le Groupe et les états financiers n’ont pas été publiés entre 2013 et 2019, favorisant l’opacité et empêchant la prise de mesures correctives.

L’audit et les investigations en cours permettront, entre autres, de mieux identifier les dysfonctionnements et autres défaillances ayant plombé les performances attendues de La Poste.

Les filiales n’ont pas échappé à cette dérive : Postefinances affiche des capitaux propres négatifs supérieurs à 17 milliards et des cas de fraudes documentées de plus de 3 milliards CFA, tandis qu’EMS Sénégal, censée porter la croissance du courrier express, a perdu des marchés stratégiques et vu son chiffre d’affaires s’effondrer.

Sur le plan opérationnel, le Groupe fait face à de graves fragilités logistiques et sociales. Plus de 80 % du parc automobile est hors d’usage, limitant la distribution et affaiblissant l’activité logistique dans un contexte d’essor du e-commerce. Sur le plan social, les tensions de trésorerie ont conduit l’État à prendre en charge le paiement des salaires depuis octobre 2022, pour un coût global annuel de 18 milliards de FCFA.

Il convient de souligner que le Groupe dispose d’un patrimoine foncier stratégique, estimé à près de 150 sites répartis sur l’ensemble du territoire. Ce capital, aujourd’hui sous-exploité et pour la plupart non immatriculé au nom de la société, représente pourtant une opportunité majeure. Sa valorisation pourrait constituer une source significative de financement pour soutenir la recapitalisation et engager la modernisation en profondeur du Groupe.

Ce diagnostic, sans appel, met en évidence une crise multidimensionnelle qui menace l’existence même de La Poste. Toutefois, cette situation critique offre également une fenêtre d’opportunité : celle de transformer le Groupe en un acteur moderne, compétitif et inclusif, capable de redevenir un véritable levier de cohésion nationale, de modernisation et de développement économique.

Pour ce faire, des réformes profondes s’imposent. Elles doivent combiner un assainissement financier rigoureux, une restructuration des filiales, une rationalisation de la masse salariale, une valorisation des actifs fonciers et une digitalisation accélérée. Parallèlement, il est essentiel de repenser la gouvernance pour la moderniser et instaurer plus de transparence : certification régulière des comptes, renforcement du rôle du conseil d’administration et rétablissement d’un contrôle rigoureux de l’État.

Enfin, la création d’une banque postale avec la modernisation des services financiers et logistiques et le développement de partenariats stratégiques avec le secteur privé et les acteurs régionaux constituent des leviers puissants pour repositionner durablement le Groupe dans son rôle d’opérateur public de référence.

B. ORIENTATIONS STRATÉGIQUES POUR LA RELANCE DE LA SN LA POSTE

La vision stratégique arrêtée vise à faire de La Poste, un outil puissant d’inclusion économique, sociale, numérique et financière, en s’appuyant sur :

  • une offre de services rénovés et innovants, adaptés aux besoins des citoyens et des entreprises ;
  • une crédibilité retrouvée grâce à une gouvernance renforcée, des capacités financières et opérationnelles restaurées, et une fiabilité accrue ;
  • une transformation digitale réussie, soutenue par une collaboration étroite avec le bras technique de l’État dans le numérique, SENUM SA ;
  • une régulation plus efficace, garantie par un dispositif réglementaire rénové, mis en œuvre par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP).

La mise en œuvre coordonnée de cette stratégie doit générer des retombées socio-économiques significatives :

  • une accélération de la bancarisation des populations, notamment dans les zones rurales et les huit pôles territoriaux de développement ;
  • une stimulation des échanges commerciaux par le développement de services de livraison fiables et accessibles ;
  • une attractivité accrue pour les investissements dans la logistique et le numérique, grâce aux synergies créées ;
  • une création massive d’emplois qualifiés, notamment dans les métiers de la livraison, du e-commerce et des services financiers digitaux.

Ce projet s’inscrit pleinement dans l’ambition d’un Sénégal juste, prospère et souverain, en renforçant la connectivité des territoires et l’accessibilité des services publics essentiels aux citoyens. La Poste est ainsi appelée à devenir un vecteur clé d’inclusion, en mobilisant aussi bien l’épargne nationale que celle de la Diaspora pour favoriser l’investissement et la croissance.

Pour concrétiser cette vision, Monsieur le Premier Ministre engage l’ensemble des parties prenantes à mettre en œuvre, selon un calendrier structuré autour des phases de redressement (d’ici à fin 2025) et de relance (2025-2029), les mesures ci-après destinées à assurer la stabilité, la modernisation et la transformation durable du Groupe La Poste.

C. MESURES SPECIFIQUES

C.1. MESURES DE REDRESSEMENT – septembre 2025 – décembre 2025

1. Recapitalisation du Groupe La Poste : J’invite le Ministre des Finances et du Budget et le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique à :

  • finaliser avant décembre 2025 le processus de recapitalisation de la SN La Poste, étape cruciale pour le renforcement des fonds propres, la restauration de la solvabilité et la relance des activités stratégiques du Groupe ;
  • diligenter la mise à jour des états financiers de La Poste.

2. Modernisation de la gouvernance du secteur :

  • J’invite le Ministre des Finances et du Budget, en rapport avec le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, à veiller à la validation avant décembre 2025, du Plan stratégique de Développement avec une feuille de route prenant en compte toutes les mesures retenues dans le cadre de contrats de performance.
  • Actualisation du cadre juridique : Je demande au Ministre, Secrétaire général du Gouvernement (SGG) dans le but d’accompagner la modernisation de la gouvernance du secteur, de veiller à :
  1. la finalisation du Code des Postes avant fin décembre 2025 ;
  2. la signature de l’arrêté interministériel mettant en place le Fonds de développement d’un service universel postal.

3. Rationalisation des effectifs : J’engage le Ministre des Finances et du Budget et le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique à veiller à la mise en œuvre par le Directeur général du Groupe La Poste du plan de départs négociés dont la première phase devra être finalisée au plus tard en décembre 2025, tout en veillant au maintien d’un climat social apaisé, à travers notamment la sécurisation des ressources nécessaires au paiement des salaires des agents. Pour cela, un bilan des compétences doit être effectué avec diligence par la Direction générale de La Poste.

4. Apurement des dettes fiscales et sociales : Je demande au Ministre des Finances et du Budget et Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique de :

  • procéder à une remise gracieuse des dettes fiscales estimées à 6 196 975 905 FCFA ;
  • prendre les mesures nécessaires pour préserver les actifs financiers du Groupe La Poste ;
  • veiller à l’apurement de la dette sociale de La Poste estimée à environ 2 milliards FCFA
  • veiller au remboursement des autres dettes (mutuelle,  

5. Mise en œuvre de la Convention entre la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) et POSTEFINANCES : J’invite le Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) à :

  • procéder à un décaissement d’un montant de cinq (5) milliards FCFA d’ici décembre 2025, conformément aux dispositions de la convention liant la CDC à POSTEFINANCES  pour lui permettre de faire face aux retraits des épargnes des bénéficiaires ;
  • envisager, avec les parties concernées, la révision de l’arrêté n° 06479 du 22 juin 2009 fixant le taux d’intérêt à servir à la Caisse Nationale d’Epargne sur les fonds déposés à la CDC.

C.2. MESURES DE RELANCE (septembre 2025 – décembre 2029)

6. Valorisation du patrimoine immobilier et du potentiel de télécommunication : J’invite le Ministre des Finances et du Budget et le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique à :

  • finaliser le processus de régularisation foncière des biens immobiliers de La Poste avant décembre 2025 ;
  • procéder à la valorisation partielle du patrimoine foncier de la Poste en partenariat avec le FONSIS et la CDC ;
  • veiller à la mutualisation du potentiel de télécommunication de La Poste et celui détenu par certaines structures comme la SENELEC, SENUM, les Forces Armées, etc.

7. Respect du domaine réservé de La Poste : J’invite le Directeur général de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes à renforcer la régulation pour faire respecter le domaine réservé à La Poste par les sociétés de facturation et les coursiers privés, et à porter une communication adaptée auprès des acteurs concernés.

8. J’invite le Ministre, Secrétaire général de la Présidence de la République à veiller à la finalisation de l’audit du système de comptabilité analytique par l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes en vue de la déterminationde la Rémunération du Service public (RSP), au plus tard en décembre 2025.

9. Renforcement des services EMS Sénégal : J’invite le Ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères à confier, dès que les conditions le permettent, à EMS Sénégal le transport des valises diplomatiques, afin de redynamiser ses services et renforcer le rôle de La Poste comme prestataire logistique privilégié de l’État.

10. Octroi des services de paiements de masse : J’invite le Ministre des Finances et du Budget, le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique et le Ministre de la Famille et des Solidarités et le Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture à :

  • mettre en place un cadre de collaboration entre La Poste et le Trésor dans le cadre de la mise en œuvre de la plateforme « Sen Trésor » ;
  • procéder, dès que les conditions sont réunies, à la domiciliation des paiements tirés des retombées des compétitions sportives et des appuis aux acteurs culturels ;
  • encourager les entités du secteur parapublic, en particulier la DER/FJ, la DGSPN, à privilégier le réseau de La Poste pour le paiement de masse.

11. Mutation institutionnelle de POSTEFINANCES : J’invite le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, en collaboration avec le Ministre des Finances et du Budget, à définir une feuille de route claire et soutenable, d’ici novembre 2025, pour la création d’une Banque postale avec une ouverture aux capitaux privés au plus tard en 2029, afin d’élargir les services financiers et renforcer l’inclusion bancaire.

12. Reconstitution des fonds des tiers : J’invite le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique et le Ministre des Finances et du Budget à proposer un plan soutenable pour la reconstitution des fonds des tiers, condition préalable à la mutation institutionnelle de Postefinances.

13. Service national de messagerie électronique et diversification des activités de La Poste : J’engage le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique à :

  • mettre en place un service national de messagerie électronique pour l’octroi d’adresses e-mail officiels certifiées aux citoyens ;
  • étudier la possibilité de positionner La Poste dans des activités telles que le Courtage d’assurance

14. Priorité aux services postaux dans l’administration publique : J’invite tous les ministères et organismes publics à utiliser prioritairement les services logistiques et financiers de La Poste pour leurs besoins.

15. Développement du e-commerce national et transfrontalier : J’invite le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique en partenariat avec le Ministère de l’Industrie et du Commerce, à accompagner La Poste pour le développement d’une offre adaptée au e-commerce, en collaboration avec les PME et start-up locales, afin de relancer son cœur de métier, d’accompagner la formalisation du secteur informel et ouvrir de nouveaux marchés aux entrepreneurs nationaux.

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14 commentaires

  1. siguy

    Donc les épargnants de la poste sont toujours dans l’attente de leur dépôt et que faisait le gouvernement précédent, Ah j’oublie c’est lui est à l’origine de cette faillite.


  2. siguy

    Merci pour votre contribution. Que le Seigneur vous accompagne dans la réussite de cette entreprise aux bénéfices exclusifs du peuple sénégal. Osons repenser


  3. zero

    C’st bien celà; Aller nommer des experts comptables, des CAC à la tête de cette entreprise, avec un management qu’il va choisir, … , je pense qu’au bout de quelques années, on verra des résultats.


  4. asoumare

    J invite seulement c est pas une solution ´´´notre argent bloqué par la poste depuis 7 ans jusqu’à présent on nous dit y’a pas l argent ´quel batard .


    • KayaDione

      « J’invite » est juste une forme de politesse. Il a instruit la CDC à procéder à un décaissement de 5 milliards d’ici décembre pour

      le remboursement de vos épargnes.

      Il faut savoir raison garder. S’il y a un batard ici c’est vous! Malpoli!!!


  5. Jack

    Je me demande si tu as bien le plan de redressement proposé par le conseil interministériel. Je ne crois pas du Touty


  6. Anonyme

    Vu la dimension gigantesque de cette crise multiforme et la défaillance humaine et managériale chroniques , est-ce qu’il ne serait pas plus approprié de privatiser cet établissement ou de la confier en gérance provisoire aux fins de redressement? Nous ne pensons pas que les solutions définies aux multiples facettes, bien que louables, puissent mener aux fins escomptées. Les choses ont trop duré et se sont dégradées exponentiellement dans tous les rouages de la structure


  7. Ou

    On nous parlait de livre solutions,d’un fameux projet,de plan Sénégal 2050, Plan de redressement et aujourd’hui sortie de crise…En réalité où sommes nous et que se passe-t-il ?


  8. Mandiou

    regarder Moi ce kulunas va aux maroc Si tu est impatiente vous avez saccagé ce pays avec votre sanguinaires de président en cartons


    • Ibrahima Ndiaye

      Il faut rénover changer le fonctionnement de la poste les politiciens l’ont mis à terre il faut arrêter de nommer des politiciens à la direction ils vont placés leurs militants dans la boîte faîte des appels à candidatures voilà la solution


  9. Tony

    Faut-il en rire ou en pleurer.

    Depuis presque 2 ans ça tâtonne nuit et jours. On n’est pas encore sorti de l’auberge.

    Dieu pitié.🙏🏾


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