Malgré la levée de boucliers des professionnels du secteur ordre des architectes, association des urbanistes, ingénieurs et techniciens du bâtiment, la machine administrative poursuit son cours.
Selon Ahmed Sekou Coundoul, aménagiste-urbaniste-marketeur, le cabinet du ministre Moussa Balla Fofana et la direction des ressources humaines ont fixé, ce mercredi 27 août 2025 pour la tenue de la cérémonie officielle de passation de service pour le clerc notaire nommé à la tête du Service régional de l’Urbanisme et de l’Habitat de Dakar.
Pour lui, cette décision, jugée « incompréhensible et périlleuse » par de nombreux acteurs du domaine, fait craindre des conséquences graves sur la planification et la gestion urbaine de la capitale.
Dakar concentre près du quart de la population nationale, subit une pression foncière sans précédent et fait face à des défis majeurs : inondations récurrentes, spéculation immobilière, absence de plan d’aménagement cohérent, vétusté d’une partie du patrimoine bâti: » Remettre entre les mains d’un clerc, sans formation en urbanisme, en aménagement ou en architecture, la responsabilité d’un service aussi stratégique revient à hypothéquer l’avenir de Dakar. C’est exposer nos populations à plus de désordre urbain, à des constructions anarchiques et à un affaiblissement des politiques publiques en matière de logement et de cadre de vie « , avertit un ancien Directeur de l’Urbanisme.
D’après lui, les professionnels redoutent également que cette nomination affaiblisse l’autorité technique du service face aux lobbies fonciers et aux spéculateurs. Selon eux, le clerc notaire, n’ayant ni l’expertise ni le vécu du secteur, risque de devenir une simple courroie de transmission de décisions politiques ou privées, au détriment de l’intérêt général.
Cette situation met aussi en lumière une autre inquiétude : la démotivation des cadres qualifiés laissés en marge, alors que beaucoup d’urbanistes, architectes et ingénieurs restent disponibles, parfois relégués dans des bureaux sans responsabilités réelles.
Pour les contestataires, cette insistance du ministère sonne comme un bras de fer contre les corps de métier. Ils appellent une nouvelle fois le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko à intervenir d’urgence, avant que cette passation ne soit actée.
« Le secteur de l’urbanisme est transversal et conditionne le développement de toutes les autres politiques publiques. Si nous ratons Dakar, c’est tout le pays qui en paiera le prix « , conclut un urbaniste membre de l’association.
À quelques jours de la cérémonie, les regards restent braqués sur le département ministériel. L’installation annoncée pourrait non seulement accentuer la contestation des professionnels mais aussi ouvrir une crise de confiance entre le gouvernement et les acteurs du cadre de vie.
C’est un faux débat. Qu’ont fait les soi-disant professionnels qui ont occupé ce poste depuis l’an 2.000 ? Ne sont-ils pas à l’origine du « bordel » constaté pour des intérêts personnels au détriment de l’intérêt général ?