Dans un monde où la compétition économique est impitoyable, les nations qui réussissent sont celles qui ont choisi d’assumer pleinement leur souveraineté. Le Gabon a récemment décidé de confier la direction de ses banques uniquement à ses nationaux, reprenant le contrôle de son système financier. La Tanzanie, quant à elle, a réservé quinze secteurs stratégiques exclusivement à ses citoyens, assurant que l’emploi et la richesse profitent d’abord à son peuple.
Ces choix traduisent une vérité simple : aucun pays ne peut se développer durablement en abandonnant ses secteurs vitaux et ses petites entreprises aux mains d’intérêts étrangers.
Le Sénégal à un tournant décisif
Le Sénégal n’est pas en reste. Notre pays dispose d’une jeunesse pleine de talents, d’entrepreneurs visionnaires et d’un potentiel économique immense. Pourtant, force est de constater que nombre d’opportunités échappent encore aux Sénégalais :
• Dans le commerce de détail, une part importante des boutiques de quartier et des marchés est contrôlée par des non-nationaux.
• Le transport urbain voit apparaître des acteurs étrangers jusque dans les taxis et minibus.
• Dans le mobile money, des multinationales s’imposent, laissant aux jeunes Sénégalais des miettes d’un marché pourtant en pleine expansion.
• Dans la banque, les assurances et les télécoms, les postes stratégiques restent trop souvent occupés par des expatriés, malgré l’existence de cadres nationaux hautement qualifiés.
Nous sommes donc face à un choix : continuer à dépendre d’acteurs extérieurs, ou assumer pleinement notre souveraineté économique.
Trois axes pour reprendre en main notre économie
Pour réussir, il nous faut une stratégie claire, articulée autour de trois piliers :
- Réserver certains secteurs aux nationaux.
Le commerce de proximité, le transport urbain de petite échelle, les services de proximité, les agences de transfert d’argent, le mobile money de premier niveau, l’artisanat et la pêche artisanale doivent revenir aux Sénégalais. - Nationaliser les postes stratégiques.
Les directions générales et présidences des conseils d’administration dans les banques, assurances, télécoms et énergie doivent être confiées à nos cadres. Les multinationales devraient être tenues d’intégrer au moins 60 % de cadres sénégalais à des postes de responsabilité, avec des obligations de transfert de compétences. - Soutenir nos entrepreneurs.
La création d’un Fonds national de soutien aux PME, un guichet unique pour les jeunes porteurs de projets, une préférence nationale dans les marchés publics en dessous d’un certain seuil, et des sanctions fermes contre le prêt-nom et les sociétés écrans sont indispensables pour protéger et renforcer notre tissu économique.
Assumer notre souveraineté
Agir ainsi n’est pas synonyme de fermeture au monde. C’est au contraire un acte de lucidité, une manière de construire une prospérité durable qui profite d’abord au peuple sénégalais. C’est en redonnant aux Sénégalais la maîtrise de leur économie que nous créerons des emplois pour nos jeunes, que nous stabiliserons notre système et que nous préparerons un avenir souverain.
Le Gabon et la Tanzanie ont montré le chemin. Le Sénégal doit franchir ce cap. Il est temps que notre pays affirme sa souveraineté économique et reprenne le contrôle de son avenir.
Jules Aloïse Prospère Faye
Directeur Général – Strategia Afrique