L’économiste Chérif Salif Sy, professeur à l’Institut supérieur de finances et militant pour l’unité africaine, s’est exprimé sur la question du franc CFA et de la souveraineté monétaire. Dans une tribune publiée à Dakar, il défend l’idée que la monnaie est un choix politique et un acte de souveraineté, et non une simple donnée économique.
La monnaie, un outil de souveraineté
Chérif Salif Sy souligne que la monnaie est un symbole de souveraineté et un levier de développement. Elle permet à un État de piloter sa politique économique, de fixer les taux d’intérêt et d’ajuster la masse monétaire. Sans maîtrise de sa monnaie, un État est dépendant des décisions d’autrui, selon l’économiste.
Il prend l’exemple des pays de la zone euro, qui ont subi des plans d’austérité imposés par Bruxelles lors de la crise de la dette, faute de pouvoir dévaluer ou imprimer des euros. Avoir sa propre monnaie permet aussi de financer des priorités nationales comme les écoles, les hôpitaux et les infrastructures.
Le franc CFA, un révélateur
Pour Chérif Salif Sy, le franc CFA révèle un déséquilibre entre l’indépendance politique et la dépendance monétaire. Il déplore que le débat sur le franc CFA soit souvent confisqué par des économistes qui se focalisent sur les indicateurs techniques, occultant les traités et les choix politiques.
Il appelle à repolitiser le débat en impliquant juristes, historiens et citoyens. Il invite à explorer des alternatives comme le projet d’Eco de la CEDEAO, à condition qu’il soit conçu par et pour les Africains. Il insiste sur la nécessité de transparence sur les accords du franc CFA.
L’économiste conclut en affirmant que le franc CFA est un choix politique hérité du passé et appelle à se poser la question de la monnaie souhaitée pour une Afrique souveraine et unie. Ndongo Samba Sylla partage un point de vue similaire, estimant que le franc CFA condamne les pays africains à la dépendance financière.
« Avec le franc CFA, on est condamnés à demander l’aumône… », déclarait-il lors d’un panel, pointant du doigt l’absence de souveraineté monétaire. Moussa Diallo, un autre économiste, abonde dans le même sens, qualifiant le système du franc CFA de « colonial ».