Ce n’était pas un gamou mais ce fut tout comme. La ziarra générale 2022 a vécu… Elle a connu une affluence record. C’est comme si les fidèles de la zawiya de Maodo avaient voulu rattraper les deux dernières éditions qui n’ont pu se tenir, la faute au COVID et son lot de gestes barrières, de restrictions aux rassemblements, découlant de la belle vision de nos autorités religieuses. Leur profond respect de la vie humaine adossé au sens des responsabilités les ayant empêchés d’exposer les fidèles aux risques de choper le virus du SARS-COV 2.
Cette reprise de la deuxième grande manifestation de la hadara de Cheikh Seydil Hadji Malick était donc fiévreusement attendue. Dédiée comme tout le monde le sait à Cheikh Seydi Abûbakar SY, l’édition de cette année coïncide avec le centenaire de la disparition du patriarche au parasol légendaire et l’accès au califat de celui sous le patronage de qui elle se tient depuis 1930.
L’édition de cette année a connu des innovations, aussi bien dans la préparation que dans l’organisation. Pour la première fois en effet, les autorités, à commencer par le préfet du département de Tivaouane, ont cru devoir tenir un CDD, comité départemental de développement, suivi d’un CRD puis d’un CND, sous la houlette de monsieur le ministre de l’intérieur. Ces différentes instances hiérarchisées n’étaient actionnées, jusqu’ici, que pour le Mawlid. Cette première préfigurant donc une bonne organisation et une autre dimension de la manifestation, les augures étaient bons et les auspices heureux.
L’autre grande innovation a été la tenue, l’après-midi du samedi, d’un panel sur des thèmes aussi pertinents qu’actuels. La cellule zawiya tijaniyya, maîtresse d’œuvre de ces rencontres scientifiques n’en était certes pas à son coup d’essai mais dans le cadre de la ziarra, oui. Dans le sillage du panel du Mawlid 2021, celui de la ziarra générale a sonné comme une répétition en direction du colloque prévu dans le cadre des célébrations du centenaire du retour à Dieu du maître de la zawiya de Tivaouane et porte-étendard de la tijaniyya en Afrique Occidentale française d’alors, Cheikh Seydi El Hadji Malick SY. Ainsi donc l’opportunité a-t-elle été saisie par les personnes –ressources choisies pour partager des communications de haute facture et de profonde intellection. Sous le sceau de la rigueur scientifique, elles ont étalé un pan de leur esprit d’analyse des questions sociologiques, politiques et religieuses de l’heure, à l’aune des enseignements de Serigne Babacar SY. Cet exercice a révélé encore une fois l’érudition du grand calife, sa maîtrise hors paire de l’arabe comme il apparaît dans ses poèmes au lexique rare et difficile, sa dimension intellectuelle, sa connaissance de la société Sénégalaise, ses précieux apophtegmes sur l’honnête-homme, son concept de dâ’ira…
Le soir, place était faite à un évènement tout aussi traditionnel, le gamou de Sokhna Oumou Khayri Bint Babacar, surnommée « boroom wagn wi/ l’intendante de la cuisine», une véritable institution, dis-je. Aux côtés de Babacar Cissé dit Pape, fils de Sokhna Oumou, il y avait Serigne Mansour Dabbâgh, Serigne Mansour Jamîl, Serigne Cheikh Ibn serigne Mansour, Serigne Ahmada Jamîl, Serigne Babacar al amin. Serigne Habib Babacar Mansour, Sidi Ahmed al amin. Le discours fort-à-propos de Pape CISSE a été bien apprécié pour sa clarté, sa pertinence et son tempo fédérateur. Il a revivifié le souvenir de cette dame de cœur chez ceux qui l’ont connue très engagée dans la mission que son père lui avait confiée. La vie de celle que Serigne Abdou al amîn appelait «yaayu daara » a été bien remplie et sa descendance est en train de perpétuer le sacerdoce.
Le dimanche, le rituel immuable de la ziarra générale a été déroulé. Hormis la foule de fidèles qui se pressait pour la visite pieuse auprès des mausolées, le traditionnel convoi n’a pas manqué d’attirer l’attention : ce fut impressionnant et éloquent d’engagement. Du beau monde mû par l’amour inextinguible pour Seydi Abûbakar SY et au-delà, pour Maodo et sa famille, a déferlé sur la ville sainte. Sous les tentes et dans la salle qui devait abriter la cérémonie officielle, difficile de trouver une place pour les retardataires.
Dans l’après-midi, la cérémonie officielle, comme toujours, est une occasion pour la délégation gouvernementale d’adresser, au nom du chef de l’Etat, ses félicitations et former des vœux pour nos autorités spirituelles et en solliciter à leur tour. Au nom du calife empêché, il revenait à Serigne Mansour Dabbâgh de recevoir les représentants du chef de l’Etat. Entouré de ses neveux parmi lesquels son condisciple de la daara de Serigne Mamoune NDIAYE de Saint-Louis, Serigne Mansour Jamîl, il n’a pas manqué de trouver les mots qu’il sied pour répondre avec toute la courtoisie et les convenances propres à la famille de Seydina Cheikh El Hadji Malick au message du gouvernement. Entre remerciements et recommandations œcuméniques, tout le monde y a trouvé son compte : autorités administratives et élus locaux, délégation gouvernementale comme fidèles. De l’avis général, son discours a été de haute facture et très instructif. L’on retiendra la mise en exergue de l’humanisme de l’Islam, le rappel que la bonté et la dévotion sont un chantier éternel mais surtout son appel à préserver le vivre ensemble Sénégalais.
Auparavant, le discours de Serigne Moustapha Sy al amîn avait fini de confirmer tout le bien que l’on disait de lui. Maître d’œuvre de l’organisation, à la demande du calife, il a fait montre des bonnes vieilles qualités qui avaient fait de son père le digne de confiance. Telle une reddition des comptes par moment, sa communication a été également un véritable cours à l’endroit des plus jeunes sur les attitudes les plus conformes à l’air du temps à cultiver : la soumission à l’autorité de nos guides, la disponibilité à servir la communauté, le culte de l’exemplarité comportementale, pour nous rendre dignes de nos excellents maîtres. Les ovations nourries qui ont jalonné son propos en disent long sur l’estime que lui portent les disciples, des plus jeunes aux plus âgés. Tous lui souhaitent longue vie, conscients qu’il est un fidèle héritier du patriarche al amîn, qui sa vie durant, n’a cessé de convaincre qu’il était la pierre angulaire de l’unité de la famille SY.
Ces moments que nous venons de vivre sont de ceux qui requinquent les disciples. Tous n’ont qu’un souci : continuer à avoir pareilles opportunités. L’occasion a été saisie pour renouveler allégeance au calife Serigne Babacar Mansour et à la famille de Maodo, tous lui souhaitent longue vie et meilleure santé.