Deux personnes ont été tuées lundi à Khartoum, portant à 81 le nombre de morts dans des manifestations réclamant la chute des militaires au pouvoir au Soudan depuis le coup d’État du 25 octobre et la fin des arrestations d’opposants.
Deux manifestants ont été tués lundi 14 février à Khartoum lors de nouveaux défilés pour réclamer la chute du nouveau pouvoir militaire et la fin des rafles, qui continuent de décimer les rangs des opposants au putsch.
Depuis le coup d’État, le 25 octobre dernier, du chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, les manifestants demandent justice pour les dizaines de personnes tuées par la répression du nouveau régime.
La 81e victime lundi a été tuée d’une « balle réelle dans la poitrine » tirée par « les forces de sécurité soudanaises », quelques heures après l’annonce du décès d’un autre manifestant, touché « au cou et à la poitrine », selon un syndicat de médecins prodémocratie.
La police soudanaise a indiqué dans la soirée dans un communiqué qu’au moins 102 agents avaient été « sérieusement blessés », dont l’un « blessé au pied par balle ».
Comités de résistance
Cette semaine, les manifestations – qui ont également eu lieu au Darfour (ouest) ou dans l’est côtier – ont aussi eu pour mot d’ordre la libération des détenus d’opinion, alors que les autorités viennent de renvoyer derrière les barreaux deux anciens hauts dirigeants civils du pays. Ces derniers partageaient le pouvoir avec le général Burhane jusqu’au putsch.
La veille, Mohammed al-Fekki, ancien membre du Conseil souverain, plus haute autorité de la transition au Soudan, a été renvoyé en prison. Avant lui, la semaine dernière, l’ex-ministre Khalid Omer Yousif avait également été arrêté.
Les Comités de résistance – les groupements de militants par quartiers qui appellent aux manifestations et organisent la lutte contre le pouvoir militaire – sont désormais la colonne vertébrale de l’opposition au Soudan, où les partis politiques peinent à défendre leur partenariat avec l’armée avant le putsch.
Très actifs, ils sont dans le viseur des autorités et près de quatre mois après le coup d’État, « le nombre de personnes détenues arbitrairement et sans inculpation a dépassé la centaine », selon l’Association des professionnels soudanais (APS), fer de lance du soulèvement populaire qui renversa en 2019 le dictateur Omar el-Béchir.
L’APS dit s’inquiéter du sort de ces militants, politiciens, universitaires ou simples manifestants âgés « de 16 à 60 ans » et dont certains souffrent de « problèmes de santé ».
Grève de la faim
Pour protester contre leurs conditions de détention, plusieurs d’entre eux, des « révolutionnaires, politiciens et membres des comités de résistance (…) détenus sans mandat d’arrêt » selon un syndicat de médecins prodémocratie, ont entamé une grève de la faim à la prison de Soba en périphérie de la capitale.
Les rafles qui n’en finissent plus ne cessent de susciter l’indignation de la communauté internationale, qui accuse les généraux de jouer double jeu : d’un côté, ils acceptent l’idée de dialogue national proposée par l’ONU, de l’autre, ils font arrêter les opposants – parfois en pleine réunion politique.
Avec AFP