Société Générale au Sénégal : Une opportunité pour renforcer le secteur bancaire national
Selon le site Le Quotidien, la récente annonce du retrait de la Société Générale d’Afrique, et particulièrement du Sénégal, a suscité de nombreuses discussions dans les milieux politiques et économiques. Pour certains spécialistes, cette décision représente une occasion que l’État sénégalais devrait saisir. En effet, transformer cette banque en un outil au service des ambitions économiques et politiques du pays est perçu comme une nécessité stratégique.
Le précédent de la Bnp Paribas, dont les actifs avaient été rachetés par Sunu Bank, n’a pas permis à l’État de prendre le contrôle des leviers financiers. Une situation que beaucoup souhaitent éviter cette fois-ci. Actuellement, malgré son retrait partiel, la Société Générale au Sénégal continue à s’efforcer de se positionner dans un marché financier très concurrentiel.
Des experts en finance proposent que l’État favorise un rachat de la Société Générale du Sénégal par la Banque nationale de développement économique (Bnde). Cela permettrait de créer un groupe financier puissant pour piloter les intérêts de l’État. Le Sénégal, qui a besoin de plus de 18 493 milliards de francs CFA pour le «Agenda national de transformation, Sénégal 2050», bénéficierait d’un tel outil pour mobiliser des fonds en minimisant le recours à l’endettement étranger.
Un ténor du secteur bancaire a affirmé qu’une telle institution aurait pu éviter à l’État des difficultés comme celles rencontrées lors de l’émission de 30 milliards de bons du Trésor sur le marché de la Brvm. L’État dispose déjà de la Banque de l’habitat (Bhs) pour les logements, de la Banque agricole (Lba) pour le secteur agricole, et de la Bnde, qui est censée financer les PME. Y ajouter une entité issue d’un éventuel rachat de la Société Générale renforcerait sérieusement sa structure financière.
S’il est vrai que mobiliser 200 milliards pour acquérir la Société Générale dépasse les seules capacités de l’État, une garantie pourrait être accordée à la Bnde pour lever ces fonds sur le marché financier régional. Cette stratégie a prouvé son efficacité pour d’autres institutions financières de la région qui ont su rentabiliser de telles acquisitions.
Toutefois, l’État devrait s’assurer que le rachat ne se limite pas à la possession de bâtiments et de personnel, mais implique également le maintien des chaînes de correspondants et du portefeuille de clientèle, indispensable pour que la banque conserve son prestige. La Société Générale au Sénégal bénéficie d’une clientèle solide, incluant des entreprises françaises et marocaines, dont l’éventuel départ pourrait affaiblir l’institution.
En conclusion, l’État pourrait profiter de cette restructuration pour réaliser des projets comme l’émission des «Diaspora bonds», en persuadant les Sénégalais de l’extérieur d’investir dans des bons du Trésor. Néanmoins, cette initiative nécessite de cultiver l’investissement financier, une pratique encore peu ancrée dans la culture sénégalaise, mais pleine de potentiel pour l’avenir.