On s’interroge toujours sur la soutenabilité de la dette en oubliant l’insoutenabilité de l’attente d’un nouveau programme avec le FMI. Le Sénégal et le FMI sont comme deux tourtereaux qui doivent se marier en plein air sous un ciel menaçant et qui s’entêtent à trouver, au préalable, un accord sur les prénoms de leurs futurs enfants. Takk leen seybi ba paré ! (scellez le mariage d’abord !).
✍️ Débat insoutenable sur la dette soutenable
Une dette est soutenable lorsque l’Etat est en mesure de la payer. Le Sénégal persiste à dire que sa dette est soutenable en se fondant sur des mesures de réduction de dépenses et d’accroissement des recettes fiscales (soutenabilité budgétaire) ainsi que sur des prévisions de croissance qu’il croît assez bonnes pour stabiliser le ratio d’endettement à un niveau acceptable et inverser la tendance haussière des taux d’intérêt sur la dette (soutenabilité économique). Le FMI semble accorder un poids plus important au risque que les taux d’intérêt (après la hausse du ratio dette/PIB) augmentent plus vite que le taux de croissance eu égard à la vulnérabilité de notre économie aux chocs exogènes que l’Etat ne peut pas forcément maîtriser (incertitude à prendre en compte).
Le ratio dette/PIB a atteint 132% du PIB et le Sénégal a urgemment besoin d’un programme avec le FMI, d’autant plus que sa note souveraine a été récemment dégradée par l’agence Moody’s. Mais on oublie souvent que le FMI a aussi besoin de son ancien « bon élève » qu’il a « encadré » pendant des décennies, y compris avec des programmes sans décaissement (ISPE et ICPE). Si le Sénégal s’embourbe, le FMI pourrait être comme un mauvais professeur dont l’accompagnement à assainir les finances publiques n’aura servi à rien. Ce qui serait un deuxième trophée indésirable après celui des programmes d’ajustement structurel.
En réalité, tous les deux ont hâte de s’entendre sur un nouveau programme mais chacun fait semblant de ne pas trop y tenir.
✍️ Dette cachée ou pas, le FMI a caché le cash
On a besoin de cash mais le FMI ne débloque toujours pas l’argent ! D’ailleurs cette rétention de cash a failli créer le clash avec le Sénégal. Heureusement les choses semblent être en bonne voie pour la signature d’un nouveau programme. Les effets d’entraînement du retour du FMI seront considerables et bénéfiques pour le pays.
Le FMI s’entête à rappeler les « erreurs » du Sénégal alors que le gouvernement veut qu’on distingue le Sénégal de Macky Sall du Sénégal de Diomaye. D’ailleurs Macky a pris des avocats sur l’affaire de la dette cachée. C’est donc un Sénégal mais deux scènes d’ego (ou Sen’ego).
Il est vrai que le Sénégal est lourdement endetté mais le FMI aussi. Il a une dette morale envers le Sénégal puisque malgré toutes les missions dans le pays, les experts n’avaient rien vu.
Finalement, endettement et entêtement ne font pas bon ménage, surtout quand le ciel est menaçant.
*FASEG/UCAD
