Bintou Faye, directrice et fondatrice de l’organisation Afric’Art Progress, a exposé les objectifs et réalisations de sa structure visant à soutenir le cinéma africain. Dans un entretien accordé à Sud Quotidien, elle a détaillé les actions menées depuis Paris pour accompagner les cinéastes, former de nouveaux talents et professionnaliser le secteur sur le continent.
Créée en 2021, l’initiative avait pour mission initiale d’accompagner les auteurs dans le développement de leurs projets de longs-métrages et de former la jeune génération dans des écoles internationales. Depuis, le champ d’action s’est étendu à la formation des femmes à la production et des compositeurs de musiques de films. « Nos objectifs étaient très clairs dès le départ : accompagner les auteurs et former la jeune génération. Puis sont venues d’autres ambitions, comme la formation des femmes productrices et des compositeurs », a-t-elle précisé.
Parmi les réalisations concrètes, Afric’Art Progress a octroyé des bourses d’études à des étudiants sénégalais pour des formations en cinéma à Paris, allant du BTS au master. En 2023, deux étudiants ont soutenu leur mémoire, tandis que cinq autres ont récemment rejoint la France pour y commencer un cursus. La structure s’implique également dans des programmes de mentorat, comme celui de Yénéga Académie au FESPACO, et collabore avec des entités telles que Supimax et Ciné-Banlieue.
Les perspectives de l’organisation incluent la création d’une plateforme de scénaristes formés aux narrations africaines, des laboratoires de création permanents et un marché du film africain. « Notre ambition est qu’Afric’Art Progress devienne un acteur de référence dans la professionnalisation du cinéma africain », a affirmé Bintou Faye. Cette ambition de structuration s’inscrit dans un contexte où le cinéma sénégalais voit ses talents récompensés, à l’image du palmarès du dernier CineFemFest qui a célébré plusieurs figures du septième art.
Sur le plan financier, Bintou Faye a souligné la nécessité de mieux structurer les fonds de soutien. Elle a proposé un mécanisme où un producteur bénéficiaire d’une aide reverserait 25 % de ses recettes pour alimenter un fonds destiné à d’autres projets. Elle a également appelé l’État sénégalais à augmenter le budget alloué à la culture, estimant qu’un investissement de 4 milliards de FCFA permettrait de produire au moins cinq longs-métrages par an.
Enfin, la fondatrice d’Afric’Art Progress a insisté sur l’importance de développer des récits ancrés dans les réalités et légendes locales. « Pourquoi ne pas s’inspirer de la légende de Mère Mataté pour un film d’horreur ? Ça nous parle, à nous », a-t-elle illustré, appelant à une « ingéniosité créative » capable de toucher un public local avec une portée universelle.
