Saïda Binta Thiam, la diva sénégalaise qui chante le “beau Maroc”

Dakar – Passionnée du chant religieux en arabe, Saïda Binta Thiam, ou ”Om Kalthoum’’ du Sénégal comme adorent la surnommer ses fans, s’est forgée une notoriété hors des frontières. Très connue en Afrique de l’Ouest surtout, elle est aujourd’hui considérée parmi les grands maîtres de l’art afro-arabe, selon mapexpress.ma, site marocain qui a dressé le portrait de cette dernière.

Son riche parcours artistique, sa spécialisation dans le panégyrique du Prophète Seydina Mohamed (PSL), sa maîtrise de la langue arabe et sa voix sublime, sont autant de facteurs qui lui ont permis de se faire un nom sur la scène artistique sénégalaise, notamment dans le domaine des poèmes déclamés par les Cheikh soufis.

Dans un pays où pratiquement la majorité de la population est disciple d’un courant (Tariqa) soufi, la native de la Casamance (sud) a pris rendez-vous avec l’art afro-arabe depuis sa tendre enfance, parvenant à s’imposer en tant que l’une des voix rares à concilier entre deux cultures, entre la voix de la profondeur africaine et des poèmes d’érudits africains déclamés dans la langue du Coran.

Dans un entretien accordé à la MAP, Binta Thiam raconte son histoire avec l’art, se rappelant qu’elle avait commencé tôt, alors qu’elle n’avait encore que neuf ans, en rejoignant le groupe local ‘’Friqatou Attawfik’’ en tant que membre du choral. Et c’était là les débuts, la découverte d’un potentiel vocal inouï, se rappelle-t-elle, sur la voie d’une carrière artistique vouée au succès. A l’âge de 14 ans, elle chantait déjà des tubes de Fayrouz, Samira Taoufik et Houyam Younes, tout en écoutant Om Kalthoum, avant d’opter définitivement pour les panégyriques du Prophète (PSL).

Issue d’une famille Tidjane, elle a eu l’occasion de s’affirmer sur scène en allant souvent se produire pour la fête d’Al-Mawlid Annabawi, à Tivaouane (ouest), la capitale des Tidjanes du Sénégal, où elle reprenait les poèmes panégyriques de grands érudits soufis, à l’instar d’Ahmed Tidjani et Cheikh Ahmadou Bamab, fondateur de la Tariqa des Mourides.

A la croisée des chemins, Binta Thiam va se consacrer entièrement à sa passion en créant en 2008 le groupe ‘’Firqatou Al-Ahmadiya’’, inspiré du nom du cheikh de sa Tariqa, Ahmed Cheikh Tidjan Sy Al Makhtoum, en comptant sur l’expérience de son frère Ibrahim, à la fois, écrivain, compositeur et chef d’orchestre. La maman à Mohamed (11 ans) et Noufissa (8 ans) va ainsi abandonner son métier d’enseignante, en toute connivence avec son mari, chargé de communication au sein du groupe.

Saïda Binta Thiam a aujourd’hui dans son répertoire plus de six albums. Sa mission, explique-t-elle, est de promouvoir le patrimoine des ancêtres et de mettre en valeur les contributions des chioukhs soufis du Sénégal à répandre les valeurs de l’Islam.

Commentant l’expérience de Mme Binta Thiam, Alyoune Badara Diak, directeur des programmes à la Chaîne de télévision locale ‘’Morchid TV‘’, a noté qu’elle est l’une des chanteuses sénégalaises les plus talentueuses qui jouissent d’une belle voix, et nombreux sont les Sénégalais qui se rappellent Oumou Kaltoum en écoutant ses chansons.

M. Diak a ajouté dans une déclaration à la MAP que Binta est connue par son interprétation des poèmes de Cheikhs sénégalais, comme Sidi El Hadj Malick Sy, cheikh Ahmed Tijane Charif et Ahmadou Bamba et ce, à la faveur de sa maîtrise de la langue arabe, faisant remarquer que lorsqu’elle chante elle fait passer des messages forts et de valeur pour les jeunes.

«Une grande partie de la population a découvert la musique afro-arabe grâce à cette artiste, qui était plusieurs fois l’invitée de notre chaîne, surtout qu’elle installe une forte interaction avec une partie du public», a affirmé M. Diak, notant que les émissions qui l’invitent enregistrent un taux d’audience très élevé. Et à l’instar de tous les Sénégalais, Binta Thiam ne cache pas son amour pour le Maroc et son peuple, ainsi que son estime pour les relations historiques et religieuses ancestrales qui lient les deux pays frères.

Cette passion est motivée par le fait que le Royaume est le pays des descendants du Prophète (PSL) et aussi parce que le Royaume, la ville de Fès plus particulièrement, abrite le mausolée du Cheikh de la Tariqa Tijania qui jouit d’un immense respect de la part de ses disciples au Sénégal. Et comme chaque personne offre de ce qu’elle possède, Binta Thiam a gratifié le Maroc par le meilleur de son chant. Elle a travaillé dur avec son groupe musical pour la diffusion d’un vidéo-clip ou elle interprète un poème de Cheikh Ahmed Tijani, écrit et dédié au Maroc.

Intitulé ’’Le Royaume du Maroc’’, le vidéo-clip met en avant la beauté des sites majestueux du Maroc, notamment les sites touristiques à caractère religieux, tels que la Tour Hassan à Rabat, la Mosquée Hassan II à Casablanca, la Mosquée Koutoubia à Marrakech et le Mausolée de Cheikh Tijani à Fès, entre autres.

Ce clip, dans lequel l’artiste Binta Thiam porte une djellaba marocaine authentique, donne un aperçu sur le savoir-faire et la dextérité des artisans marocains dans les domaines du tissage, de la céramique et du cuir, et présente des exemples de mets de la gastronomie marocaine, outre des paysages magnifiques du pays. Dans ce clip, Binta Thiam chante la générosité du peuple marocain et son attachement profond à la religion, et la sagesse de son Roi ‘’descendant du Prophète’’.

Binta Thiam a chanté aussi un poème intitulé ‘’Il m’a dit’’ de l’écrivaine et poète marocaine Touria Ikbal qui s’intéresse aux questions du soufisme.L’artiste sénégalaise aspire à mieux faire connaitre l’art afro-arabe sur une grande échelle à travers ses participations à des festivals internationaux qui constituent un facteur essentiel pour consacrer la diffusion et l’ouverture.

Et dans l’attente d’atteindre l’objectif escompté pour cet art qui requiert un soutien, Om Kaltoum du Sénégal continue de faire entendre ses chants spirituels qui forgent l’individu et contribuent à son épanouissement.

Avec mapexpress.ma

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