Apprenant que Cheikh Yerim Seck prendrait la suite de Aziz Samb dans l’émission Oscar des vacances, j’ai d’emblée été frappé par un constat consternant : au Sénégal, les médias sont devenus le champ privilégié de toutes les ordures de notre société. La scène médiatique sénégalaise venge les insignifiants et réhabilite les raclures. Elle assure la dignité des indignes. Hélas !
Cheikh Yerim Seck a été reconnu coupable de viol par la justice sénégalaise. Etonnamment, il ne suscite que peu d’opprobre dans la presse et les médias de notre pays. Les chaines de télévision sont à ses pieds, les journalistes se bousculent pour solliciter une interview avec lui. Les colonnes des journaux sont ouvertes sans réserve aux propos et souvent aux affabulations de ce repris de justice. Personne n’est rebuté par ses infractions antérieures. Non olet. Nul ne s’indigne de l’infâme forfait dont il fut l’auteur. Les grandes consciences morales restent muettes et les journalistes, ces indignés sélectifs, cois.
Après avoir été reconnu coupable de viol, Cheikh Yerim Seck s‘est refait, par la grâce des médias, une virginité. Il coule, désormais, des jours tranquilles dans la capitale. Cheikh Yerim Seck : heureux comme un violeur au Sénégal.
Certains, dans le cercle que je devine étroit de ses affidés, considèrent que la reprise par Cheikh Yerim Seck de l’émission Oscar des vacances est tout à fait acceptable. Lui dénier cette faculté serait, à les en croire, le frapper d’une double peine après celle qu’il a déjà purgée. Ils invoquent ainsi un principe du droit pénal communément appelé « le droit à l’oubli ». Sans entrer, ici, dans un juridisme étroit, j’estime, pour ma part, que ni l’oubli, ni le souvenir ne se décrètent. Ils ne relèvent pas de la loi. Les vouloir contraindre est une atteinte à la liberté de penser et de ressentir, puis d’expression. Les flux et les ressacs de la mémoire échappent à toute organisation. Ainsi, de théoriser un droit à l’oubli relève d’une totale ineptie.
La justice a plusieurs instances, celle des juges, celle des hommes et celle de Dieu. Cheikh Yerim Seck a été condamné à trois ans de prison, il a partiellement purgé sa peine et ainsi satisfait la justice des juges, mais celle-ci seulement.
Nos souvenirs, notre indignation, notre mépris, notre détestation sont intacts et il est légitime qu’ils le soient. Cheikh Yerim Seck libéré porte encore son crime. Il se serait acquitté de sa dette en purgeant sa peine. Peut-être….Mais il n’a pas, aux yeux de tous, retrouvé une dignité d’homme.
Libre, notre jugement le poursuit encore et l’enserre. Les Erinyes……
Cheikh Yerim Seck a brisé une vie. Il n’est pas acceptable à notre sensibilité qu’il exhibe et mette en scène la sienne sous nos écrans. Ndeye Aïssata Tall a été souillée sous ses assauts. Que Cheikh Yerim Seck s’incline devant sa victime, non sous les applaudissements et les vivats du public d’Oscar des vacances. Ndeye Aïssata Tall, meurtrie, s’est emmurée dans le silence. Que son bourreau observe, à son tour, un mutisme monachique.
Tamsir Jupiter Ndiaye, un autre délinquant multirécidiviste, a fait ce choix qui s’est retiré de la scène médiatique. Le ci-devant chroniqueur de Nouvel Horizon est, lui, à cet égard, ….exemplaire. Les délits ne sont pas comparables, certes. Ici un violeur, là un sodomite. De part et d’autre, toutefois, des pulsions barbares assouvies.
Enhardi par la complaisance coupable des médias à son égard, Cheikh Yerim Seck a même eu l’outrecuidance de créer un mouvement politique. Ce par quoi il entend s’arracher à la quotidienneté et à la banalité de ses jours. Echapper à l’insignifiance de sa vie et lui donner les contours illusoires d’un destin. Cheikh Yerim Seck, violeur à ses heures, se rêve désormais président. Il a raison d’être ambitieux. La politique est bien le seul domaine où l’absence de moralité ne nuit pas, si elle n’y est requise. Cheikh yerim Seck, en sa qualité de violeur, n’est certainement pas un parangon de vertu et de moralité. La politique est donc sa Terre promise. Il fera carrière.
Le Sénégal est bien le seul pays au monde où des violeurs, des voleurs et autres crapules peuvent légitimement aspirer à présider aux destinées des populations. Pauvres de nous !
La responsabilité, toutefois, nous en incombe : les ovidés grégaires méritent leurs bouviers.
Seuls les fauves, des belluaires.
milkspe@yahoo.fr