Pétrole et gaz au Sénégal: Plaidoyer pour un retour à la raison (Par A Dem)

Le Sénégal souffre déjà de certains effets de la malédiction du pétrole alors qu’aucune goutte d’or noir n’a encore été produite.
La malédiction du pétrole a été théorisée pour la première fois par le vénézuélien Juan Pablo Alfonzo, qui avait qualifié l’or noir d’excrément du diable.
Son analyse a été par la suite confirmée par de nombreuses études qui ont démontré le retard de développement socio-économique des pays producteurs comme le Nigeria, l’Angola, le Congo, l’Algérie etc.

Ce retard est la conséquence, entre autres, de la corruption, des batailles pour la conquête du pouvoir, de l’instabilité politique, des inconvénients liés à une économie basée sur l’exportation d’une matière première, etc.
L’annonce des découvertes en 2014 a déclenché dans notre pays un débat passionné tournant autour de soupçons de corruption dans la signature des contrats pétroliers, de bradage de nos ressources aux firmes multinationales étrangères, de népotisme etc.

Ce débat vigoureux qui constitue un atout pour notre pays a permis en partie la mise en place d’outils pour assurer la transparence dans la gestion des ressources qui seront tirées de l’exploitation des gisements. On peut citer : l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), le COS-PETROGAZ, la journée de concertations nationales sur le partage des revenus issus de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières, etc.

Par contre, la surmédiatisation et la politisation de la question pétrolière commencent déjà à produire des effets indésirables qui menacent la stabilité socio-économique du pays. La question pétrolière est en effet, souvent l’objet d’exagérations, de manipulations, de contre-vérités qui sont préjudiciables aux intérêts du Sénégal. C’est justement pour éviter les conséquences néfastes qui peuvent découler de ces exagérations que je réitère l’appel à la prudence lancé dans le journal Energies Mag.

Perte d’attractivité du bassin sédimentaire sénégalais

Sous la pression de la société civile, de l’opposition et de la presse, l’État a fini par mettre en place un code pétrolier très contraignant qui rend nos blocs moins attractifs que ceux des pays voisins avec lesquels le Sénégal partage le même bassin sédimentaire MSGBC (Mauritanie, Sénégal, Gambie, Bissau, Conakry).

L’appel d’offres lancé par le Sénégal pour les blocs Sénégal Offshore Sud (SOS) et Sénégal Offshore Sud Profond (SOSP) se serait en fin de compte révélé infructueux. Les blocs n’auraient pas trouvé preneurs malgré le potentiel en hydrocarbures de notre offshore qui est devenu une nouvelle frontière d’exploration pétrolière et gazière.

Les progrès enregistrés grâce à de nombreuses années de promotion de notre bassin sédimentaire sont ainsi remis en cause. Les compagnies pétrolières dotées d’importants moyens financiers et technologiques qui peuvent nous valoir d’autres découvertes préfèrent aujourd’hui s’installer en Mauritanie où elles sont de plus en plus nombreuses. Il est vrai que les ressources naturelles, elles, ne connaissent pas les frontières.

Possibles désillusions pouvant mener au chaos.
Par la faute de l’État, des politiciens, de membres de la société civile et des médias, les citoyens ont fini par croire que le Sénégal est en passe de devenir un acteur important dans la production pétrolière et gazière mondiale. La majorité des Sénégalais est convaincue que les pétrodollars vont très bientôt couler à flots et constituer la panacée a tous les problèmes socio-économiques du pays.
Un candidat aux élections présidentielles a même déclaré que chaque famille sénégalaise pourrait recevoir 100 millions de F CFA si les revenus issus de l’exploitation du pétrole et du gaz sont bien gérés.
A cause des infox et de la cacophonie que suscite la question pétrolière, il est presque impossible de faire admettre aux Sénégalais que les ressources à l’état actuel des découvertes demeurent encore faibles et que leur exploitation ne pourra pas avoir les effets espérés par la majorité de l’opinion.

En effet, les réserves de pétrole brut prouvées de l’offshore sénégalais estimées à 500 millions de barils ne représentent que 45 jours d’exploitation d’un pays producteur comme l’Arabie Saoudite qui extrait plus de 11 millions de barils par jour.
Les réserves annoncées en gaz naturel estimées à 700 milliards de m3, ne représentent que 14% des réserves prouvées du Nigeria. Toujours à titre de comparaison, les récentes découvertes de gaz naturel faites au Mozambique sont évaluées à 5000 milliards.

5 COMMENTAIRES
  • samb sa gorr

    Bou lep diare yone kon dubay et autre ben problem dou si am nagnou deugue bi

  • Babacar Niang

    La seule et unique malédiction consiste au fait qu’une seule famille se partage un tel trésor. Alors trêve de malhonnête que je ne qualifierai même pas d intellectuelle. À bas l’hypocrisie lorsqu’elle campe sur certainement sur un intérêt personnel. Ici on défient l’intérêt d’un peuple fusse t-il une goutte de pétrole

  • Samba

    Arrêter un peu avec vos analyses et vos théorie à deux balles ce que dite ne nous intéresse pas répondez à cette question . Pour QUOI MAKi Sall à donner nos ressources à Franc Timis Aliou Sall sur un faux rapport de Ally N’gouye N’diaye dit nous on ne parle pas de pétrol pour le moment on parle plutôt de contrats

  • René Diagne

    il faut citer cette opposition et ces messieurs du mouvement Aar liñu book
    qui confondent vitesse et precipitation au lieu de s assoire comme tout bon senegalais autour de la table du dialogue.leur pretention est nefaste pour le pays car ils jouent le jeu des forces obscures.

  • Mbaye

    Le pétrole est une richesse. Qui a dit que la richesse ne fait pas le bonheur ??? Parlez nous plutôt de la malhonnêteté de nos dirigeants. Ne tournez pas autour de la vérité

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