Dans une analyse relayée par Emedia, le Professeur Amath Ndiaye de la FASEG-UCAD établit un parallèle entre la crise de la dette grecque de 2009 et la situation financière actuelle du Sénégal. Selon lui, la perte de crédibilité budgétaire due à un manque de transparence constitue un risque majeur pour l’économie nationale.
L’universitaire rappelle que le point de départ de la crise en Grèce fut la révélation de chiffres budgétaires manipulés. Alors que le pays affichait officiellement un déficit inférieur à 3 % et une dette autour de 60 % du PIB, un audit a dévoilé une réalité bien différente : un déficit réel de 15,4 % et une dette de 127 % du PIB. Cette perte de crédibilité a entraîné une dégradation rapide de sa note souveraine par les agences S&P, Moody’s et Fitch, privant la Grèce de l’accès aux marchés financiers et la contraignant à solliciter l’aide du FMI et de l’Union européenne.
Selon Pr Amath Ndiaye, le principal enseignement de cet épisode est que « la perte de confiance naît d’abord d’un manque de transparence dans les finances publiques, pas seulement de la taille du déficit ». Il identifie plusieurs similitudes avec la situation sénégalaise, citant des révisions des statistiques publiques, une dette qui atteindrait 118,8 % du PIB et un déficit budgétaire de 14 % en 2024, des chiffres dépassant les critères de l’UEMOA.
Ce point de vue sur la nécessité de la clarté des comptes publics s’inscrit dans un contexte où des voix s’élèvent pour demander des éclaircissements. Selon nos informations, des formations politiques ont récemment interpellé les autorités, exigeant la publication de plusieurs rapports, dont l’audit du cabinet Forvis-Mazars sur la dette publique, afin de « faire toute la lumière » sur la gestion financière. Le professeur note également une lenteur dans la mise en œuvre de mesures de redressement et l’absence d’un programme consolidé avec le FMI.
Dans sa conclusion, Pr Amath Ndiaye affirme que « les agences de notation ne sont pas créées dans le but exclusif d’étrangler les États Africains ! ».