Lutte contre les inondations : « La compétence existe pour prendre en charge la question… » (Expert)

Lutte contre les inondations : « La compétence existe pour prendre en charge la question… » (Expert)

Ce samedi, d’éminentes personnalités du secteur de l’eau et de l’assainissement ont animé, lors de la journée de l’excellence des Alumni du 2iE organisée par l’Association des Sénégalais diplômés de l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (ASD-2iE), un panel sur les changements climatiques, intitulé « Les changements climatiques causant les inondations dans le pays ».

Au début de son intervention, le président du comité scientifique de l’association, par ailleurs ingénieur en hydraulique, a évoqué l’impact des phénomènes naturels sur les services de l’eau et de l’assainissement au Sénégal.

Babacar Ndiaye explique que les changements climatiques comportent un risque important. Depuis 1960 jusqu’au début des années 2000, le pays a également noté des précipitations pluviométriques. « Nous avons aussi connu quelques périodes de sécheresse. Mais la tendance globale est à la hausse. Les inondations que nous rencontrons depuis le début des années 2000 illustrent cet état de fait. Nous avons également noté une augmentation des températures. De 1960 à nos jours, on constate une hausse de plus d’un à deux points. Tous ces phénomènes ont des impacts sur le fonctionnement des ouvrages et sur le drainage des eaux pluviales », a-t-il d’emblée soutenu.

L’ingénieur en hydraulique informe que la compétence existe pour prendre en charge la question. C’est juste qu’elle est disséminée dans le secteur de l’hydraulique et embrasse plusieurs domaines, dont la gestion des questions d’eau et d’inondations.

Maintenant, explique-t-il, il faudrait réfléchir et soumettre ces propositions aux autorités. Des pistes de résolution peuvent constituer des solutions durables.

En ce sens, il déclare que l’une des pistes est liée aux questions du cadre institutionnel qu’il faut obligatoirement mettre en place pour pouvoir déployer des politiques. Il y a aussi les questions de stratégies et de politiques. Le secteur de l’hydraulique est doté d’une lettre de politique sectorielle qui aborde un peu la stratégie et la politique pour pouvoir gérer les questions d’eau et d’assainissement.

« Quand on parcourt cette lettre de politique sectorielle, les questions de changements climatiques ne sont pas très bien adressées au niveau de la stratégie. Parce que le document est divisé en deux parties. Il y a une partie diagnostic où il faut faire l’état des lieux de ce qui existait… Mais la partie où on décline la vision jusqu’en 2025 est un peu obsolète. Nous recommandons la révision de cette lettre de politique sectorielle pour mieux adresser les questions des changements climatiques sur les ressources en eau, la fourniture de services d’eau et des services d’assainissement », a soutenu Babacar Ndiaye.

D’après lui, les changements climatiques constituent une nouvelle donne. Dans les pays occidentalisés, c’est le réchauffement climatique. « Sa déclinaison dans nos pays se traduit beaucoup plus en termes de pluies, de débordements des crues, etc. C’est un phénomène relativement nouveau. Quand on élaborait en 2015 la lettre de politique sectorielle, la question n’était pas tellement bien mûrie. C’est de notre devoir de pouvoir faire des propositions pour améliorer le cadrage politique et stratégique. »

Concernant le financement, il rappelle que le Sénégal est doté d’un plan national d’adaptation qui nécessite un financement pour pouvoir intégrer ces questions dans tous les projets d’eau et d’assainissement, et définir des mécanismes durables et innovants en termes de financement.

« On ne peut pas régler la question des inondations d’une manière temporaire, mais de façon durable. Il s’agit de mener des activités sur le long terme. Cependant, il y a des actions à court terme. Il s’agit de résoudre des situations de désastre, de crise qui secouent actuellement la zone nord, au niveau de la vallée du fleuve Sénégal, avec le débordement de la crue. Au fil du temps, il faut essayer de voir comment utiliser les excédents d’eau. On ne peut pas mourir de faim et mourir d’inondations. L’eau est un facteur de développement. Nous ne pouvons pas disposer de terres, de jeunes et vivre des inondations », a également fait comprendre Abdoulaye Boly, président de l’association.

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