Lutte contre les inondations: Ce que cache le brusque réveil de l’opposition
Il a fallu de l’eau, beaucoup d’eau, pour réveiller une opposition endormie parce que longtemps silencieuse et amorphe.
Les inondations de cette année ont eu le mérite de remettre l’opposition sur scelle. Eh bien, elle a repris du service, pour jouer son rôle dans une situation difficile où elle sait que le peuple l’attend.
Ainsi, revoilà les communiqués du Parti démocratique sénégalais (Pds). Ce n’est pas trop tôt.
Les libéraux ont ainsi pointé du doigt ‘’l’échec de Macky’’ dans la gestion des inondations eux qui comptent convoquer le gouvernement à l’Assemblée nationale, naturellement pour une séance d’explication.
Car, ils disent ne pas comprendre que tous les programmes destinés aux inondations n’aient pas produit, jusqu’ici, les résultats escomptés. Il s’agit notamment ‘’du fonds spécial de lutte contre les inondations, du programme de prévention des inondations, du PROGEP financé avec l’aide de la banque mondiale et du fonds nordique de développement, du programme de restructuration de Pikine irrégulier Sud sous la conduite de l’Apix, et des différents programmes d’assainissement à Dakar et dans plusieurs villes du pays’’.
Le pape du Sopi et ses frères exigent ainsi un audit technique et financier de la gestion des différents projets et programmes initiés depuis 2012 dans le cadre de la lutte contre les inondations.
En somme, le Pds d’opposition qu’on aurait aimé toujours entendre sur les questions importantes de l’heure.
Mais, bien avant le Pds, le leader de Pastef les Patriotes s’est aussi illustré par un déplacement dans la banlieue de Dakar et par une déclaration à la presse.
Conformément à son style, il a qualifié la sortie d’avant-hier du Président Sall sur les inondations de ‘’farce d’Etat’’. Il a aussi lancé un appel à la ‘’solidarité patriotique entre citoyens’’.
Les mêmes réactions ont été observées chez d’autres leaders politiques comme Malick Gackou, Rewmi dont un des responsables a réagi à la situation. D’autres hommes politiques comme le Colonel Kébé et des personnalités de la Société civile n’ont pas aussi manqué de dire ce qu’elles pensent de cette situation.
C’est dire que ‘’le consensus’’ ou plutôt la ‘’complicité’’ notée dans la lutte contre la pandémie à Coronavirus surtout au début de la lutte a manqué pour ce qui concerne les inondations.
Ici, on a noté le réveil d’une opposition restée longtemps dans une posture d’observation même si Macky l’avait un tout petit peu provoqué en mars avec ses concertations autour de la lutte contre la Covid-19.
Bien sûr, le pouvoir, lui aussi, est déjà sur le terrain par le truchement de ses différents représentants notamment Macky lui-même.
Une situation qui est à saluer car, nous avons toujours défendu l’idée de la nécessité d’une présence effective d’une opposition d’attaque dans toute démocratie qui se respecte.
Malheureusement, nous sommes au Sénégal et ici, chez nous, tout est question de calcul.
En clair, on peut se demander si ce brusque réveil de l’opposition ne s’explique pas par le débat posé sur le choix à polémique du Chef de l’Opposition ?
Aujourd’hui, le Pds vient juste de se rappeler qu’il a la majorité de l’opposition à l’Assemblée et entend ainsi le démontrer par la convocation du Gouvernement.
L’occasion faisant le larron, nous pensons que le parti est intéressé par le choix du Chef de l’opposition, et au-delà, par ce statut de l’opposition dont les contours réels ne sont pas définis même si l’article 58 de la Constitution en parle.
Et il n’est pas exclu que dans les prochaines heures, les réactions d’hommes politiques sur les inondations se suivent en chaîne parce que le contexte y est favorable.
Les uns et les autres ont largement pris conscience du fait qu’être opposant ne signifie pas toujours être obligé à comptabiliser ses défaites et qu’il y a d’autres enjeux.
Donc, le débat sur le statut de l’opposition et le Chef de l’opposition vient ainsi, plus que les inondations, de donner à ceux qui sont contre le Président Sall, un regain d’espoir dans un engagement auquel ils croyaient de moins en moins.
* Assane Samb