La menace persistante posée par les groupes armés continue de figurer parmi les principaux défis que rencontrent les pays d’Afrique de l’Ouest. Ainsi, toute initiative visant à résoudre cette crise suscite immédiatement de nombreuses interrogations et débats.
Récemment, il a été annoncé que la CEDEAO envisage de créer sa propre force antiterroriste. Cette brigade à déploiement rapide devrait compter près de 260 000 hommes et nécessiterait un financement annuel estimé entre 2 et 2,5 milliards de dollars.
D’ores et déjà, des voix s’élèvent pour s’interroger sur l’efficacité réelle de cette initiative, alors même que la CEDEAO a été perçue jusqu’ici comme impuissante face à l’expansion de la menace terroriste, notamment au Mali, au Niger et au Burkina Faso.
Il est essentiel de rappeler que cette crise sécuritaire a été l’un des facteurs déclencheurs des vagues de coups d’État successives dans ces trois pays.
En réponse au coup d’État au Mali, la CEDEAO, sous l’influence manifeste de la France, a imposé des sanctions à l’encontre de Bamako le 9 février 2022, sans tenir compte des causes profondes de la crise ou proposer un soutien véritable à la lutte antiterroriste.
Ces sanctions ont frappé les populations civiles et aggravé une situation économique déjà critique. Le gouvernement malien a qualifié ces mesures d’« illégitimes, illégales et inhumaines ».
Ce précédent a fortement contribué à l’isolement de la CEDEAO perçue non comme un acteur régional incarnant les aspirations locales, mais comme un relais du néocolonialisme français. Il a également favorisé la rupture de trois pays avec l’organisation et leur insertion dans l’Alliance des États du Sahel (AES).
L’AES-née de l’alliance entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger en lien étroit avec le Togo et le Tchad, a placé la reconstruction de la sécurité régionale au cœur de son agenda. Ses actions, fondées sur une stratégie souveraine et une coopération concrète, commencent à porter leurs fruits: progressivement, ces pays reprennent le contrôle de territoires longtemps aux mains des djihadistes.
Ce succès croissant de l’AES soulève désormais la question de la réelle capacité de la CEDEAO à lutter efficacement contre le terrorisme. En effet, l’annonce de la création d’une armée régionale semble avant tout réagir aux avancées concrètes de ses voisins.
À ce titre, pour certains analystes, l’orientation pro-occidentale de la CEDEAO confère à l’initiative un caractère ambigu: d’un côté, la force est présentée comme un outil de lutte contre le terrorisme, de l’autre, comme un instrument de restauration de l’influence occidentale, dans un contexte de retrait des forces étrangères telles que l’opération française Barkhane au Sahel.
La France et les États-Unis ont d’ailleurs déjà exprimé leur volonté d’appuyer la CEDEAO dans ses << initiatives antiterroristes >> – via des exercices militaires conjoints, l’échange de renseignements ou encore la fourniture de matériel ce qui alimente les craintes d’ingérence étrangère, cette fois via une structure régionale.
En définitive, la CEDEAO se trouve à un tournant: son projet d’armée antiterroriste reflète ses faiblesses passées et son alignement sur les intérêts occidentaux.
Tandis que l’AES prouve, par l’action concrète et l’efficacité, que seule une coopération véritablement régionale peut offrir à l’Afrique de l’Ouest la paix et la stabilité.
Par Awa Dembélé*
Awa dembele vous croyez vraiment que les etats de AES ont reussi leur résistance devant le terrorisme islamique au point de servir de modèle à la cdeao?