Livraison de composants pour drones à Israël : Une enquête révèle l’implication d’une entreprise française

Selon des informations rapportées par l’agence Anadolu, basées sur une enquête du média Disclose, une livraison de composants électromécaniques fabriqués en France est prévue ce lundi 20 octobre à destination de la société israélienne Elbit Systems. Ces pièces sont destinées à équiper des drones Hermes 900, utilisés par l’armée israélienne.

L’enquête, s’appuyant sur des documents internes et des données d’expédition, révèle que le transporteur UPS a pris en charge huit colis le 15 octobre. Ces colis contiennent des alternateurs produits par la société française Sermat, spécialisée dans les équipements pour l’aéronautique et l’armement. La livraison est programmée à Karmiel, dans le nord d’Israël. Nos sources indiquent qu’il s’agirait du quatrième contrat de ce type entre une entreprise française et un fournisseur militaire israélien depuis octobre 2023.

En plus de ces alternateurs, Sermat aurait également expédié 171 actionneurs à Elbit Systems, des pièces servant au pilotage et à la stabilisation des drones. Le montant total de ces exportations, majoritairement effectuées par voie aérienne depuis 2024, s’élèverait à 843 300 euros. Ces composants peuvent être intégrés non seulement aux drones Hermes 900 mais aussi aux modèles Hermes 450. Ces derniers ont été impliqués dans plusieurs frappes à Gaza, notamment celles visant un convoi humanitaire le 15 mars 2024 et sept membres de l’ONG World Central Kitchen le 1er avril, d’après le quotidien Haaretz.

Ces livraisons s’inscrivent dans un contexte où les besoins de l’armée israélienne sont accrus pour ses opérations. D’après les autorités françaises, ces composants ne sont classés ni comme matériel militaire, ni comme biens à double usage, ce qui exempte leur exportation de toute licence. Ce statut a été validé par le ministère de l’Économie en 2012, malgré un avis contraire des services douaniers.

Ces révélations contrastent avec les déclarations du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, qui affirmait le 14 octobre à l’Assemblée nationale qu’« aucune arme française n’est allée à la destination de Tsahal ». Contrairement à des pays comme l’Espagne, les Pays-Bas ou la Belgique qui ont suspendu leurs exportations d’armement vers Israël, la France a maintenu ses livraisons. En 2024, les exportations officielles d’équipements militaires français vers Israël ont atteint 27,1 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 74 millions d’euros de biens à double usage. L’association Juristes pour le respect du droit international (JURDI) a saisi le Conseil d’État au printemps, dénonçant un « excès de pouvoir » du gouvernement et réclamant une astreinte financière contre l’État pour son inaction face au risque de génocide reconnu par la Cour internationale de Justice.

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