Un gouvernement sans ministre des Sports, ça paraît anormal aux yeux de certains. En attendant que le poste soit pourvu, les supputations vont bon train quant à l’identité du prochain titulaire.
Le détenteur du poste fait des jaloux parmi ses collègues. Il est le plus visible et le plus médiatisé des membres du gouvernement. Alors que d’aucuns pourraient rétorquer qu’il ne s’occupe que d’une bagatelle par rapport à l’éducation, à la santé ou à la sécurité d’un pays. Le sortant Yankhoba Diatara, ministre dans un autre poste, a dû se rendre compte de la différence des stations en termes de sollicitations par exemple lorsqu’il a migré au département des Sports. En l’espace seulement de sept mois, l’un des plus courts séjours à ce poste, les médias ont vulgarisé à satiété le profil de l’homme et ses activités sur le terrain.
Ses moindres propos ont été repris et ont figuré en bonne place dans les différents supports d’information.
Sans porter d’appréciation sur le politique, il faut reconnaître que l’homme a été disponible et est allé sans a priori, à la rencontre de certains segments du mouvement sportif.
Récemment, un dirigeant du football sénégalais faisait remarquer que le sport était devenu un ministère de souveraineté. Il n’a pas tout à fait tort, eu égard à l’intérêt que le football suscite au plus haut niveau de l’État. Le nombre de fois que le Président Sall a reçu des sportifs depuis qu’il est en fonction donne du crédit à cette perception.
Le football cannibalise le sport et l’équipe nationale de football relègue au second plan les autres entités tant son impact auprès de l’opinion est fort. Les crédits qui lui sont affectés avec par exemple un jet privé pour les matches à l’extérieur, pour les Lions et les primes qu’ils touchent sont sans rapport avec les dépenses consacrées aux autres disciplines. Ce qui est considéré comme injuste par les adeptes de ces disciplines. Mais la roue tourne, les Lionnes du basket lorsqu’elles dominaient le continent du temps de Bonaventure Carvalho, étaient des «sportives» gâtées par la République. Sous Diouf, Me Wade et Sall, leurs cadettes ne sont pas non plus oubliées, rayon téranga, en cas de succès.
En termes de retombées, le ministre des Sports jouit de la notoriété des meilleurs ambassadeurs en short. Dans l’histoire du sport sénégalais, les Jeux de l’Amitié de 1963 sous Demba Diop avec l’or du football, la médaille olympique de Dia Ba sous Abdoulaye Makhtar Diop , l’épopée de la génération 2002 avec Joseph Ndong et le titre de championne du monde d’Amy Mbacké Thiam , la récente victoire en CAN sous Makhtar Ba et enfin les succès en CHAN et en U20 en football sous Yankhoba Diatara ont braqué les projecteurs sur le titulaire de ce département occupé jusqu’ici par vingt-cinq messieurs. Aucune dame n’a eu encore le privilège de s’asseoir sur le fauteuil de ministre des Sports. Une anomalie pour tout ce qu’elles ont apporté au sport sénégalais !
La victoire sportive n’appartient pas seulement aux athlètes ou à l’encadrement technique. À tort ou à raison, le succès a d’autres «actionnaires», le président de la Fédération, le ministre des Sports et même le président de la République en Afrique.
Mais gare à l’échec du football, il peut entraîner bien des départs et des démissions, à commencer par celui du ministre de… l’équipe nationale de football. La proximité du ministre avec cette entité en fait parfois une victime désignée quand cela ne va pas. Le fusible qui peut sauter et accompagner la charrette des «démissionnés». La petite histoire de l’équipe nationale comporte bien des cas.
Mamadou Koumé