Invité à s’exprimer sur les perspectives du développement du continent africain, le Premier ministre Ousmane Sonko a défendu, ce mardi, une vision ambitieuse et structurée de l’intégration régionale africaine. Il répondait à une question du président du Conseil d’administration du Forum économique mondial, Peter Brabeck, lors d’un panel consacré à l’Agenda de transformation économique du Sénégal et à l’unité continentale.
Dans un contexte global dominé par les tensions géopolitiques, les conflits armés, les bouleversements climatiques et le recul du multilatéralisme, Peter Brabeck a interpellé Sonko :
« Comment percevez-vous le processus de développement de l’Afrique, qui reste en retard malgré ses ressources et son poids démographique croissant ? »
Le chef du gouvernement sénégalais a immédiatement posé le cadre : « Nous aimons parler de l’Afrique dans son ensemble, car nous croyons profondément en l’Afrique. Mais il faut aussi reconnaître qu’elle est composée de 53 pays, chacun avec ses propres spécificités. » À ses yeux, « on ne peut pas parler d’une seule voix africaine sans tenir compte des réalités locales et régionales ».
Prenant l’exemple de la CEDEAO, dont plusieurs pays ont récemment quitté les rangs, Ousmane Sonko a rappelé l’importance des dynamiques sous-régionales : « L’Afrique de l’Ouest couvre 6,5 millions de kilomètres carrés et regorge de ressources. Il en va de même pour l’Afrique australe, du Nord ou de l’Est. Nous devons construire notre unité sur ces sous-ensembles avant de les fédérer. »
Il a évoqué la théorie des cercles concentriques, un modèle d’intégration qui progresse par niveaux, du local au continental. « Il est essentiel de commencer à l’échelle régionale, puis de coordonner les politiques africaines à un niveau plus large. »
Faisant le lien avec l’évolution des rapports de force mondiaux, Sonko a averti : « Des puissances émergent, d’autres déclinent. Cela ouvre la voie à de nouvelles formes de guerre, y compris économiques, comme on le voit aujourd’hui avec les barrières tarifaires. » Dans ce contexte mouvant, « l’Afrique doit se positionner et tirer parti de cette situation », a-t-il insisté.
À ses yeux, la croissance africaine devra être à la fois immatérielle, en s’appuyant sur le numérique et l’innovation technologique, et tangible, en valorisant l’agriculture, les ressources minières et l’industrie.
« Le continent est le seul au monde où tout reste à construire. Les opportunités y sont immenses. »
Alors que l’Afrique représentera 25 % de la population mondiale d’ici 2050, le Premier ministre sénégalais a lancé un appel au monde : « Il est urgent que la communauté internationale comprenne qu’il faut investir dans l’Afrique aujourd’hui, pas demain. »
Conscient des défis internes, Ousmane Sonko n’a pas éludé les responsabilités africaines : « Nous devons faire notre part. Créer un environnement propice aux investissements, convaincre les partenaires de nous faire confiance. Donner et recevoir. »
Il a cité l’exemple du Sénégal, « un pays prêt à offrir des garanties solides aux investisseurs », tout en insistant : « Nous ne sommes pas les seuls. Ce message vaut pour toute l’Afrique. »
Clôturant son intervention, il a annoncé la tenue prochaine d’un événement destiné à renforcer cette dynamique : « Nous organiserons un forum les 7 et 8 octobre pour présenter toutes les opportunités d’investissement au Sénégal. Toutes les conditions sont réunies pour en faire un hub africain. »
Touché par la vigueur de cette vision, Peter Brabeck a conclu l’échange sur une note personnelle :
« Dans une vie antérieure, j’étais moi-même investisseur. Et je peux vous garantir que nos investissements en Afrique ont toujours été rentables et efficaces. »
TOUT A FAIT AU MOMENT OÙ LE TERRAIN EST BALISÈ DEGAGÈ DES DETOURNEURS DES DERNIERS PUBLIQUES.